A un best of en répond un autre, fini donc le spleen élégant de Type o negative et place à la flamboyance californienne de Motley crue dont le bestof « Red, white and crue » est sorti en 2005.
Légende américaine du hard/glam rock connue pour son extravagance et son gout des petites pépées, le Motley crue pourrait correspondre dans les années 80 à une caricature des Inconnus.
Son bestof à la pochette sexy débute par une grosse gifle heavy metal, « Live wire » idéale pour mettre tout de suite les pendules à l’heure par son train d’enfer.
Prolongement idéal au choc initial, « Piece of your action » déroule un mid tempo aux refrains ultra efficaces malgré la voix nasillarde parfois pénible à supporter de Vince Neil.
On baisse d’un cran sur « Toast of the town » sympathique mais manquant d’éclat, ce que le finalement assez moyen « Too fast for love » parvient à réaliser à l’esbroufe de quelques refrains massifs et bien tournés.
Rien de spécial à signaler sur le poussif « Black widow » qui fait bien pale figure à coté d’un autre mid tempo dévastateur, le gros tube « She looks that kills ».
Motley crue s’échine un peu vainement sur « Too Young too fall in love », reprend le morceau le plus hard des Beatles « Helter skelter » ce qui avec la voix de Neil passe beaucoup moins bien que l’original.
On trouve les Californiens plus à l’aise sur « Shout at the devil » tube aux refrains écrasants tout sur leur passage et au plus groovy mais tout aussi incontournable « Smokin in the boys room ».
Beaucoup de vitesse et de dynamisme sur « Use it or lose it » qui prépare correctement le terrain à deux nouvelles fusées éclairantes le superbe « Girls, girls, girls » qui pourrait être l’hymne du groupe et de bon nombre de chasseurs masculins enchainé de « Wild side » bon gros hard rock des familles instinctif et réjouissant.
Une ballade (il était temps !) fait son apparition, « You’re all I need » aux ficelles bien grosses mais non dénuées d’un certain charme, celui du cœur.
Après l’hommage sympathique au dieu rock ‘n’ roll vient une nouvelle torgnole « Kickstart my heart » dont l’éclatante vitalité permet de considérer comme peut être le meilleur titre du Crue.
Les ballades ont le vent en poupe, aussi a-t-on droit à « Without you » et « Don’t go away mad (just go away)« qui poussent le bouchon de la mièvrerie un peu trop loin avant une fin de disque plus conforme au standard de rock festif du groupe sur « Same Ol Situation » et « Dr Feelgood ».
Le second disque aussi volumineux que le premier commence par la célèbre reprise des Sex pistols « Anarchy in the UK » exécutée avec conviction puis développe un hard simple et puissant à défaut d’être génial sur « Primal scream ».
Derrière leurs motos, leurs tatouages et leurs coupes de cheveux improbables, nos glameux seraient ils en réalité de grands sentimentaux ? En tout cas ils nous refont le coup de la ballade bien proprette avec « Home sweet home ».
Plus de riffs, de hurlements et de testostérone sur le robuste « Hooligan’s Holiday » puis mix assez indigeste entre mélodie et puissance sur le très surchargé « Misunderstood » : difficile de suivre le gang de LA dans ses circonvolutions musicales.
Ce sentiment d’incompréhension se creuse sur « Planet boom » titre violent aux fortes sonorités industrielles qui cède la place à un bel instrumental « Bittersuite » sur lequel Mick Mars fait valoir tout son talent de guitariste.
A vrai dire on ne prête pas vraiment attention à l’énième ballade passe partout « Afraid » ni à l’affreux mid tempo « Beauty » ou encore moins au très terne « Generation swine » qui fait perdre son identité originellement si épicée au groupe.
Difficile malgré des riffs heavy et une belle teinte mélodique de s’enthousiasmer pleinement sur « Bitter pill » et c’est un fauve muselé aux griffes rognées qui fait piteuse impression sur « Enslaved ».
Petit retour sympathique au passé sur « Hell on heels », nouvelle plongée à pic sur deux ballade inutiles « New tatoo » et « If I die tomorrow », cette dernière malgré une sincérité désarmante.
On termine cet éreintant second disque avec « Sick love song » étrangement grungy et une reprise sans intérêt des Rolling Stones « Street fighting man ».
En conclusion, « Red, white and crue » est une compilation des plus déroutantes mais surtout très largement déséquilibrée entre le premier et le second disque.
Dans le premier, Motley Crue apparait sous son meilleur jour, celui de ses cinq albums phares des années 80, ce qui avouons le réserve son lot de classique du hard-glam certes simple, brut de décoffrage mais diablement efficace.
Le second disque montre en revanche clairement toute la décadence des voyous sexy dans les années 90 avec un nombre incalculable d’errements musicaux, une aseptisation globale de leur style et surtout le recours abusif à des ballades bouche trou débitées au kilomètre.
Alors on se dit finalement qu’on aurait préféré que « Red, white and crue » ne se réduise qu’à un seul disque, celui ou malgré toutes ses imperfections et la petite voix de canard irritante de Neil, le Crue donne le meilleur de lui-même dans un hard brut, généreux, naïf et parfois irrésistible.
A trop vouloir en faire parfois …