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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 13:41

Nous passons de l’univers de muscles virils de Rocky à celui plus feutré et subtil de Nicole Garcia pour « L’adversaire » film français sorti en 2002.

Adapté d’une histoire abominable mais vraie ayant déjà inspiré Emmanuel Carrère, celle d’un père de famille, Jean-Claude Romand ayant tué toute sa famille au début des années 90 car il ne supportait pas de leur avouer vingt ans de mensonges concernant sa vie de médecin à Genève, « L’adversaire » se déroule en Suisse ou Jean-Marc Faure (Daniel Auteuil), médecin chercheur à l’OMS, mène une vie en apparence paisible.

Jean-Marc a effet une belle femme Christine (Géraldine Pailhas) et deux enfants, mais est en réalité peu présent, passant de longues journées à son travail.

Très respecté, il fait parti des notables de la ville et entretient une belle relation d’amitié avec son ami Luc (François Cluzet), qu’il a connu à la Fac de médecine.

Pourtant peu à peu, un malaise s’installe, car en réalité Jean-Marc ne travaille pas à l’OMS ou il se rend pourtant chaque jour.

Il passe ses journées seul, errant à la cafétéria du centre, sur des parking d’aires d’autoroute, se rendant à des séminaires de médecine ou achetant une quantité impressionnante de revues spécialisés.

Le spectateur comprend donc assez rapidement que Jean-Marc n’est pas médecin et s’invente une vie qu’il n’a pas, dupant son monde.

Il vit en abusant de la confiance de ses parents, pillant leurs compte mais rapidement la pression sociale devient trop forte et le pousse à acheter une spacieuse maison plus conforme à son standing.

Pris à la gorge par ses dettes, Jean-Marc dupe son beau père (Bernard Fresson) en volant l’argent que celui-ci lui avait confié pour réaliser selon lui un placement hyper avantageux dans les banques suisses.

Lorsque ce dernier lui réclame son argent, Jean-Marc élude tout d’abord, s’inventant un séminaire surprise alors qu’il passe en réalité une semaine dans une minable chambre d’hôtel de l’aéroport.

Finalement, Jean-Marc est contraint d’assassiner son beau père en le faisant tomber d’une échelle.

Tout le monde croit à un accident et la famille Faure peut ainsi s’acheter la splendide maison de leurs rêves.

Pourtant au fil des petits incidents émaillant le quotidien, Christine se pose de plus en plus de question sur son mari, décelant de petits mensonges ou d’embarrassantes zones d’ombres lorsque d’authentiques médecins lui rapportent ne pas connaitre son mari.

Engoncé dans ses mensonges, Jean-Marc séduit de plus Marianne (Emmanuelle Devos) ex femme de son ami Rémi (François Berléand), un homme beaucoup plus âgé qu’elle.

Sensuelle et libérée, Marianne l’attire comme un aimant et pour obtenir ses faveurs, le terne Jean-Marc déploie le grand jeu, l’invitant dans des restaurants et voyages couteux.

La jeune femme ne se laisse pas séduire facilement pour autant un peu inquiétée par la personnalité sombre de son soupirant et rompt assez rapidement leur relation.

Lorsque Marianne touche une forte somme de son divorce, Jean-Marc ne peut résister à la tentation et accepte de placer l’argent, qu’il consomme à ses fins personnelles.

Bien entendu, Marianne ne tarde pas à réclamer l’argent que n’a plus son ex amant.

La situation de Jean-Marc semble sans issue et ses dettes semblent sans fin.

Acculé et très stressé, il prend une décision radicale : éliminer sa famille, sa femme et ses deux enfants qu’il abat froidement à coups de fusil de chasse.

Ce crime horrible est suivi du meurtre de ses parents, habitant seuls dans une maison isolée du Jura profond.

Pour terminer, Jean-Marc appâte Marianne par un diner chez Bernard Kouchner en région parisienne et la bloque dans une foret en pleine nuit.

Agressée à coup de bombe lacrymogène, la jeune femme échappe miraculeusement à la mort, Jean-Marc victime d’une absence renonçant in extremis à l’éliminer.

De retour chez lui, il met le feu à sa maison mais … survit au final bien que grièvement blessé.

En conclusion, « L’adversaire » est un film puissant et sombre, installant une atmosphère froide dans la beauté de l’hiver de la Suisse et du Jura.

Dans ses paysages splendides, se noue pourtant un drame sans retour, porté par d’excellents acteurs avec en tête un Daniel Auteuil en état de grâce, qui aurait pu selon moi largement avoir le césar voir plus.

Impossible de ne pas être hanté par ce personnage solitaire et torturé, dont le fort orgueil n’a jamais supporte l’échec et de décevoir ses parents, de modestes forestiers jurassiens.

« L’adversaire » rappelle combien certaines personnes mènent une double vie, affichant une façade de parfaite respectabilité devant la société, tout en masquant les terribles profondeurs de leur psychisme malade et ai pour moi à ce titre un authentique chef d’œuvre noir.

L'adversaire (Nicole Garcia)
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26 décembre 2014 5 26 /12 /décembre /2014 15:17

Monument du cinéma avec le multi oscarisé « Vol au dessus d’un nid de coucous » de Milos Forman.

Sorti en 1975 d’après un roman de Ken Kesey, « Vol au dessus d’un nid de coucous » raconte l’histoire de Randall Mc Murphy (Jack Nicholson), un détenu de droit commun condamné pour agressions et viol, qui cherche à simuler la folie pour atterrir dans un hôpital psychiatrique et ainsi pouvoir se soustraire plus facilement aux rigueurs du régime pénitencier.

Malgré la surveillance étroite du directeur et de l’infirmière en chef Mildred Ratched (Louise Fletcher), Mc Murphy se montre plutôt convainquant dans son rôle et parvint à s’attirer la sympathie des autres malades composés de Bromden (Will Sampson) géant indien sourd et autiste, Billy (Brad Dourif) jeune homme fragile, le très émotif Cheswick (Sydney Lassick), Martini (Danny De Vito) petit homme très atteint, le distingué et un peu efféminé Harding (William Redfield) ou les plus taciturnesTaber (Christopher Lloyd) et Fréderickson (Vincent Schiavelli).

Insolent et frondeur, Mc Murphy va progressivement remettre en cause les règles strictes édictées par Ratched, et donner aux malades un vent de liberté et de transgression auquel il n’était plus habitués.

Ainsi, Mc Murphy organise des parties de cartes délirantes ou on joue des cigarettes et demande à ce qu’on décale les horaires pour assister au championnats du monde du sport national, le baseball.

Cette attitude ne tarde pas à le mettre dans le collimateur de le la direction, relayée par Ratched et ses deux surveillants noirs, Washington (Nathan George) et Warren (Mwako Cumbuka), aussi les accrochages physiques et séquence de shoot forcés sont-elles monnaies courantes.

Mais Murphy persévère, profitant d’une excursion en bus pour emprunter un bateau et organiser une délirante partie de pêche avec ses amis fous ou faire jouer une partie de basket ball contre les surveillants, dans laquelle Bromden parvient à exprimer son physique de Goliath.

Pris en sympathie par ses camarades, Mc Murphy caresse des envie de liberté et les concrétise en faisant venir avec la complicité du gardien Mr Turkle (Scatman Crothers) dans l’hôpital deux prostituées, Candy (Mews Small) et Rose (Louisa Morris).

L’ambiance devient alors dionysiaque dans l’hôpital et l’alcool coule à flot auprès des malades dans un esprit de transgression absolu.

Le bruit attire néanmoins la surveillante de nuit ce qui place Turkle en fâcheuse posture mais la nuit continue néanmoins d’aller à son terme.

Lorsque le lendemain Ratched découvre le carnage, elle se montre impitoyable.

Billy qui avait eu droit grâce à Mc Murphy a quelques moment de plaisir avec la belle Candy est sévèrement menacé et incapable de supporter la pression psychologique se suicide ce qui déchaine la colère de Mc Murphy, qui tente d’étrangler Ratched.

Il est empêché in extremis par les gardiens et subi en retour un traitement sévère qui le lobotomise.

Incapable de voir son ami dans cet état végétatif, Bromden met fin à ses souffrances en l’étouffant avec un coussin et s’enfuie à travers champs, honorant ainsi une vielle promesse d’évasion commune.

En conclusion, au risque de déplaire et de choquer, je n’ai pas aimé « Vol au dessus d’un nid de coucous » car je pense faire un blocage complet autour de l’univers hospitalier en général, et psychiatrique d’autre part.

Nicholson étant pour moi un acteur particulièrement antipathique, je n’apprécie pas son jeu et son coté voyou rebelle entrainant des pauvres types dans une brève rébellion sans espoir contre un système toujours de fait plus puissant.

Partant de ce constat, le film me parait donc particulièrement vain sur la fond et hideux sur la forme, très glauque et déshumanisée des hôpitaux avec à mon sens une représentation forcément édulcorée de la réalité.

Désolé donc, mais « Vol au dessus d’un nid de coucous » ne constitue pas mon genre de cinéma et demeure à mon sens parfaitement irregardable !

Vol au dessus d'un nid de coucous (Milos Forman)
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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 22:24

Sorti en 2012, « Flight » de Robert Zemeckis eut en son temps un joli petit succès du notamment à la présence de la star Denzel Washington.

Dans ce film, Whip Whitaker (Denzel Washington) est un pilote de ligne, ayant une fâcheuse tendance à boire plus que de raison, qui doit embarquer pour un vol intérieur à Atlanta après une nuit blanche en compagnie de l’hôtesse de l’air Katerina Marquez (Nadine Velazquez).

Epuisé, Whip prend de la cocaïne et deux nouvelles fioles de vodka pour tenir le coup et se prépare au décollage en compagnie du commandant en second Ken Evans (Brian Geraghty).

Mais en violent orage éclate et perturbe fortement la manoeuvre.

Contre l’avis de Ken, Whip pousse la manette des gaz à fond pour traverser au plus vite la nappe nuageuse au risque de détériorer l’appareil et de secouer violemment les passagers.

Il y parvient mais en phase d’approche de sa destination, les gouvernes de l’avion se bloquent entrainant un plongeon en piqué vers l’aéroport.

Aidé par Margaret Thomason (Tamara Tunie) une hôtesse expérimentée, Whip tente une nouvelle manœuvre audacieuse et retourne l’avion pour le stabiliser puis parvient à le poser en atterrissage forcé sur un champs.

Il survit au crash et se réveille dans une chambre d’hôpital, est pris en main par Charlie Anderson (Bruce Greenwood) représentant du syndicat des pilotes pour l’aider à répondre à une enquête du NTSB, l’autorité nationale chargée de mener l’enquête sur l’origine du crash et l’indemnisation des six personnes tuées, au nombre desquelles figure Katerina.

Whip comprend qu’il aura besoin des service de l’avocat de Hugh Lang (Don Cheadle) lorsque les analyses toxicologiques révèlent la vérité.

A l’hôpital, il reçoit la visite de son ami et dealer Harling Mays (John Goodman) et sympathise avec Nicole (Kelly Reilly), une toxicomane dont la vie part à la dérive après une overdose.

En sortant de l’hôpital avec une jambe légèrement abimée, Whip se retranche dans une vieille ferme familiale pour échapper à la presse qui le voit toujours comme un héros en raison de son invraisemblable manœuvre d’urgence.

Il reprend contact avec Nicole, l’héberge chez lui et devient son amant.

Mais ceci n’entrave pas son terrible penchant pour l’alcool.

Le procès pourtant approche et le talent de Lang parvient à atténuer l’importance du rapport toxicologique.

Les membres survivants de l’équipage, Evans et Thomason pourtant à la base réticents à témoigner en la faveur du commandant, finissent par se laisser attendrir et accepte de masquer la vérité sur son état au moment de prendre le manche.

Malgré cette démarche encourageante, Whip est pourtant incapable de réfréner ses pulsions et finit par perdre Nicole qui ne supporte plus ses beuveries.

Désespéré et une nouvelle fois ivre, Whip cherche refuge auprès de son ex femme Deana (Garcelle Beauvais) et de son fils mais est violemment repoussé.

Il est alors pris en main par Anderson et Lang, qui le briefent pour le procès et le mettent à jeun et sous bonne garde dans une chambre d’hôtel.

Mais le destin est plus fort et Whip trouve encore un moyen de se saouler à mort.

Remis sur pieds par Mays à grand coups de cocaïne, Whip sauve les apparences devant Ellen Block (Melissa Leo) de la NTSB qui mène le procès.

Alors que tout se dirige vers un problème technique sur l’avion et la confirmation surprise de l’alcoolémie de Katerina, Whip opère un volte face inattendu et avoue au tribunal qu’il était bel et bien ivre et défoncé le jour du crash.

Il écope de quelques années prison mais retrouve son fils et Julie, heureux de sa courageuse décision visant à le délivrer de son addiction à la boisson.

En conclusion, « Flight » est un film original, habile et efficace, remarquable par sa première partie spectaculaire consacrée au crash, et plus cousue de fil blanc par la suite, avec une relation improbable entre un alcoolo black et une toxico rousse.

Tout ou presque est centré sur la star Washington, qui livre un bon numéro d’acteur en alcoolique incurable détruisant toute sa vie avant de se ressaisir dans une ultime ligne droite rédemptrice et moralisatrice.

On ne peut en dire autant de Goodman qui cabotine dans un numéro assez odieux de dealer marrant et excentrique.

Zemeckis démontre encore une fois l’étendue de son savoir faire mais peine sur les plus de deux heures à captiver.

« Flight » se laisse donc regarder comme un honnête film de seconde catégorie.

Flight (Robert Zemeckis)
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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 23:10

Changement radical d’ambiance avec « Anatomie de l’enfer » de Catherine Breillat, qui fit en son temps (2002) beaucoup parler de lui par la présence de la légende du cinéma pornographique, Rocco Siffredi, dit l’étalon italien et ses vingt quatre centimètres.

Dans « Anatomie de l’enfer » une jeune femme (Amira Casar) croise dans une boite de nuit homosexuelle un homme (Rocco Siffredi) qui la suit dans les toilettes pour la trouver en train de s’entailler les veines.

Sauvé in extremis, la femme est soignée par un pharmacien et effectue une fellation dans un parc en pleine nuit pour le remercier.

Avec son sperme sur la bouche, elle lui propose un marché, de le payer pour passer du temps avec elle et la regarder.

L’homme accepte et la rejoint dans une villa esseulée près de la mer.

Il la regarde sa dévêtir et un dialogue verbeux s’installe autour de la condition sexuelle de la femme.

L’homme est tout d’abord gêné, réticent, car préférant ouvertement les hommes, puis il s’approche goutant la mouille de la jeune femme.

L’exploration du corps de la femme se poursuit avec son vagin rose, son pubis aux poils sombres, drus et même son anus.

L’homme la barbouille de rouge à lèvre puis la prend avant de jouir précipitamment.

Effondré, il pleure.

Elle le console et le dialogue recommence.

Peu à peu, une relation se noue entre eux et l’homme de plus en plus fasciné par le corps blanc et brun de se femme, accepte de gouter ses menstrues et pire de lui faire l’amour alors qu’elle saigne abondamment.

Il retire ensuite son sexe couvert de sang.

Un beau jour, ayant obtenu ce qu’elle cherchait, la femme disparait ce qui plonge l’homme à présent amoureux, dans un désespoir sans nom.

Il erre seul dans la grande maison, recueillant précieusement la couverture tachée de sang.

Ainsi se termine cette courte histoire.

En conclusion, « Anatomie de l’enfer » est un film choc interdit au moins de 16 ans, qui a frôlé le classement en X.

Centré sur le désir, la chair mais surtout les fluides intimes (sang, larmes, sperme, mouille), il rebute plutôt qu’il ne séduit par ses dialogues ennuyeux et littéraires souvent incompréhensibles surtout lorsque Rocco s’exprime avec son fort accent italien.

Malgré la performance des acteurs, Rocco homme magnifique grand, élégant, bien bâti et incarnant par son sexe énorme la masculinité à l’état pure tombée de son piédestal pour révéler des faiblesses jusqu’alors inconnues, et Casar sans être franchement belle, recelant un charme sémite particulier et une audace certaine pour des scènes aussi extrêmes, « Anatomie de l’enfer » est un affreux film intello français jouant habilement de la nudité pour meubler un propos creux consistant à narrer les prétendues souffrances des femmes.

Un bon conseil : fuyez à toute jambes !

Anatomie de l'enfer (Catherine Breillat)
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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 18:58

L’exploration de la filmographie d’Alfred Hitchcock n’a sans doute pas de limites rapidement atteintes aussi est-ce avec une certaine jubilation que j’ai pu visionner « Le procès Paradine ».

Vieux film en noir et blanc sorti en 1947, « Le procès Paradine » raconte une histoire ultra classique de procès ou un jeune et bel avocat londonien Anthony Keane (Gregory Peck) accepte de défendre une séduisante jeune femme accusée du meurtre de son mari, Anna Paradine (Alida Valli).

D’emblée, Keane est troublé par la beauté froide de Mrs Paradine et prend personnellement le parti de défendre son innocence.

Cette proximité produit immédiatement une impression de gêne chez sa femme, Gay (Ann Tod) en raison du surcroit de travail qu’il provoque chez son mari et de l’annulation d’un voyage en Europe prévu de longue date.

Keane se trouve peut convainquant lorsqu’il s’agit défendre le caractère professionnel de son affaire et prend de lui-même l’initiative de se rendre dans la banlieue de Londres dans la maison qu’occupait le défunt.

Dans une belle maison bourgeoise de campagne, Keane fait la connaissance troublante d’André Latour (Louis Jourdan) le valet des Paradine, qui l’épie et se montre particulièrement hostile à l’égard d’Anna Paradine.

De retour à Londres, la situation ne s’éclaircit pas forcément et le procès bat son plein.

Celui-ci présidé par le juge Lord Thomas Horfield (Charles Laughton) se montre particulièrement houleux et débouche sur une confrontation directe entre Keane et Latour, qui sous le feux des questions de l’avocat, finit par céder peu à peu du terrain et révèle son implication dans un possible meurtre de Mr Paradine.

La défense acharnée de Keane finit donc par porter ses fruits et l’avocat pousse Latour à reconnaitre qu’il a probablement empoisonné Paradine car celui-ci avait découvert qu’il courtisait sa femme.

Le fait que Latour ait été de surcroit l’un de bénéficiaires du testament du vieux militaire aveugle en raison de ses bons et loyaux services, constitue de surcroit une circonstances aggravantes.

Mais si Latour qui s’obstine à associer Mrs Paradine à cet assassinat, finit par céder et à se suicider par peur du déshonneur public, un nouveau coup de théâtre se produit lorsque Anna, ébranlée par l’annonce de la mort du jeune homme, accepte de s’accuser de complicité de meurtre.

Cette annonce bouleverse Keane, qui comprend la relation amoureuse entre Latour et Mrs Paradine, et l’assassinat du mari handicapé, principal obstacle à leur passion.

Il trouve cependant un soutien bienvenu auprès de sa femme et accepte de se rapprocher d’elle après l’avoir si longtemps délaissée …

En conclusion, « Le procès Paradine » est un film faisant son âge et se caractérise par un manque patent d’action.

Inutile de dire qu’on trouve le temps long auprès de ses presque deux heures et que la qualité du jeu des acteurs notamment Valli parfaite en femme fatale et Peck toujours aussi impressionnant/énervant de charisme insolent.

Malgré sa force, le thème de de la passion amoureuse et l’ambigüité de la relation entre l’avocat et sa cliente, ne sont pas suffisamment mis en avant pour tenir le film à bout de bras et « Le procès Paradine » ne tient donc pas au niveau du suspens toutes ses promesses, loin s’en faut.

Un film qu’on qualifiera donc de mineur dans la si riche filmographie du maitre britannique.

Le procès Paradine (Alfred Hitchcock)
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3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 18:50

Abordons maintenant une curiosité dans la lignée des films à petits budgets reposant sur une idée simple mais suffisamment forte pour tenir en haleine pendant une heure et demi, « Buried » de l’espagnol Rodrigo Cortes.

Sorti en 2010, « Buried » raconte l’histoire d’un homme, Paul Conroy (Ryan Reynolds), chauffeur poids lourd travaillant pour le compte de CRT une compagnie américaine acheminant des produits de première nécessité aux populations irakiennes qui se réveille enterré vivant dans un cercueil.

Après la première phase de bien légitime de panique, Paul trouve sur lui un briquet qui lui permet d’éclairer sa situation puis encore plus intéressant, des lampes torches et un téléphone portable à moitié chargé.

Saisissant sa chance, Paul tente de joindre sa femme Linda (Samantha Mathis) mais ne peut que lui laisser un message.

Après quelques tentatives infructueuses et malheureuses, il parvient également à laisser un message au directeur des ressources humaines de son employeur, Dan Brenner (Robert Paterson) et à entrer en contact avec les forces américaines présentes en Irak par le biais de Alan Davenporty (Stephen Tobolowsky) qui tente de le rassurer sur sa situation et de lui donner quelques conseils pour augmenter son espérance de vie.

Même si au fond de son trou, Paul ne se fait que peu d’illusions sur ses chances de survie, le contact avec Harris le calme un peu.

Il doit pourtant faire face à son ravisseur, un dénommé Jabir (José Luis Garcia Perez) qui réclame cinq millions de dollars pour sa libération.

Paul sait bien que jamais le gouvernement américain ne déboursera autant d’argent pour la libération d’un simple camionneur et le fait savoir à Jabir qui maintient néanmoins ses exigences.

Difficile de contrôler dans ces conditions son stress lorsqu’on est soi-même à la base soumis à des crises de paniques mais Davenporty lui explique qu’il a l’expérience de ce type de situation et qu’il va chercher à le localiser pour envoyer une équipe sur place.

Économisant briquet et téléphone, Paul doit faire face à l’incursion d’un serpent qu’il parvient à repousser de justesse en allumant un peu de feu.

Jabir continue de faire pression sur lui en lui montrant la vidéo de Pamela (Ivana Mino), une collègue de la CRT, détenue elle aussi en otage et soumise à la menace d’une exécution.

Devant pareille menace, Paul accepte de tourner une vidéo de lui lisant un texte qui sera diffusée par ses ravisseurs sur Internet.

Jabir fait pourtant baisser les enchères à un million de dollars, ce qui demeure de toute façon inatteignable.

Contrarié de ne pas arriver à ses fins, il envoie à Paul une vidéo d’exécution de Pamela ce qui le traumatise.

Pire que cela, l’horrible Brenner rappelle Paul et lui fait savoir qu’il a accepté les risques de sa mission et qu’il a été licencié pour relations entre collègues avec Pamela, ce qui le prive de fait de tous ces droits, assurance comprise.

Le choc est rude pour Paul qui voit la fin venir lorsque le sable accumulé crève le toit de son cercueil et menace de l’étouffer.

Il parvient à colmater de justesse la brèche et converse avec Davenporty qui lui dit qu’il est en passe de venir le secourir après avoir tué Jabir.

Bien entendu Jabir intervient encore, menaçant cette fois Linda et leur fils sur le sol des Etats-Unis.

La panique de Paul est alors à son comble et il accepte alors de se filmer en train de se couper un doigt pour satisfaire aux exigences de ses bourreaux.

Dépité, Paul se laisse alors glisser lorsqu’il sent le sable s’insinuer peu à peu dans son cercueil.

Un coup de téléphone de Davenporty lui fait savoir que les secours sont tout proches.

Linda rappelle également ce qui permet à Paul d’enfin lui parler en vidant son cœur.

Malheureusement, les informations obtenus par Davenporty sont erronées et Paul comprend que ce n’est pas lui qu’il est venu secourir.

Il finit donc réellement enseveli sous terre.

En conclusion, « Buried » est un sale film vicieux, cruel, oppressant jusqu’à l’insupportable par moment.

Le but de Cortes de prendre aux tripes le spectateur en le plongeant dans une situation extrême est clairement atteint en montrant un brave type à tête de bon ricain désespéré repousser ses limites par pur instinct de conservation.

En toute honnêteté, on trouve l’exercice un peu vain et le résultat final terriblement déprimant met hors de soi après tout ce qu’on a du endurer pendant une heure et demi.

On pense donc à « 127 heures » de Danny Boyle qui traite d’un sujet similaire avec un profond dégout d’avoir été secoué manière aussi profonde pour pas grand-chose.

Inutile de dire que le même film réalisé par un américain aurait eu une issue autrement plus positive.

Buried (Rodrigo Cortes)
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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 09:27

Changement d’univers avec un film plus adulte « The descendants » d’Alexander Payne.

Sorti en 2011, « The descendants » raconte l’histoire de Matt King (George Clooney), avocat basé à Hawaï, qui doit faire face une situation dramatique dans laquelle sa femme Elisabeth (Patricia Hastie) est clouée dans une situation critique sur un lit d’hôpital après un grave accident de bateau.

Héritier d’une ile somptueuse et encore vierge d’Hawaï, Matt qui a toujours fait passer son travail avant tout le reste, se trouve donc brutalement confronté à une réalité difficile ou il doit prendre en charge des deux filles, Alexandra (Shailene Woodley) adolescente et Scottie (Amara Miller), 10 ans, toutes deux très rebelles.

Assez rapidement, Matt comprend que la situation d’Elisabeth est sans espoir et se voit confier la difficile tache de l’annoncer à la famille proche qui vit sur majoritairement sur l’ile.

Trop jeune pour réagir de manière élaborée, Scottie s’exprime par un langage ordurier et un comportement anormal, tandis que Alexandra souffre intensément de cette douloureuse nouvelle, même si elle confie à son père être en mauvais terme avec sa mère.

Un peu dépassé par les réactions de son entourage, Matt fait pourtant courageusement front, et accepte que Sid (Nick Krause) un jeune homme désinvolte et insolent accompagne Alexandra pour la soutenir dans cette épreuve.

Les plus violentes critiques émanent du père d’Elisabeth, qui encense sa fille tout en reprochant le mode de vie égoïste de son gendre et de sa pingrerie qui l’avait poussé à ne pas acheter de bateau.

Pourtant Matt permet à tout le monde de lui rendre visite à l’hôpital tout en continuant de superviser la vente prochaine de la superbe ile familiale à des compagnies touristiques afin d’assurer un avenir financier à la nombreuse famille King.

Un basculement survient lorsque Alexandra finit par avouer à son père que sa mère le trompait avec un type de l’ile, ce qui a accéléré la détérioration des relations mère-fille.

Matt prend la nouvelle de plein fouet et entreprend de découvrir l’identité de l’amant.

Fou de rage, il fait pression sur un couple d’amis les Mitchell Mark (Rob Huebel) et Kai (Mary Birdsong) qui finit par lui révéler que l’homme s’appelle Brian Speer (Matthew Lillard).

Flanqué de Alexandra et de la tête à claque Sid, Matt mène l’enquête et découvre au cours d’un jogging sur la plage ou réside Speer, un homme marié.

Il prétexte alors une discussion un jour sur la plage avec Julie (Judy Greer) la femme de Speer pour rendre visite au couple avec une stratégie mise au point avec Alexandra visant à occuper l’épouse tandis que Matt s’explique avec l’amant.

Confronté à la réalité et à l’annonce de la mort d’Elisabeth, Brian ne nie pas une relation qu’il estimait purement sexuelle, et implore Matt d’épargner sa famille.

Face à l’affront de la tromperie, Matt a logiquement beaucoup de mal à garder son calme, mais finit par partir en grand seigneur tout en autorisant Brian à dire un dernier au revoir à sa maitresse.

C’est finalement Julie qui s’est douté de quelque chose qui se rend à l’hôpital pour un face à face intense face au corps sans vie de Elisabeth.

En proie à une profonde remise en question après la mort d‘Elisabeth, Matt refuse finalement de vendre son ile au grand désespoir des investisseurs et de ses cousins.

Il préfère à l’appât du gain préserver l’héritage de sa famille, une terre splendide et sauvage ou les souvenirs abondent.

Après avoir dispersé les cendres d’Elisabeth dans l’océan avec ses filles dans une poignante cérémonie posthume, Matt entreprend de se rapprocher d’elles et de devenir le père présent et attentionné qu’il aurait du être depuis longtemps.

En conclusion, malgré le cadre idyllique d‘Hawaï, « The descendants » n’est pas une comédie ou un film léger qui vous fera vous sentir heureux.

Il traite d’un sujet grave auquel tout le monde sera tout ou tard confronté : l’annonce d’une mort ici inattendue et ses impacts sur la vie d’une famille.

Clooney interprète très justement un homme mature qui en pleine introspection, réalise les erreurs qu’il a pu commettre : délaisser sa famille et en particulier son épouse pour son travail, faire preuve de radinerie par principe et surtout refuser de voir la réalité en face.

Le spectateur sent ce processus lent et douloureux qui va souvent à l’encontre des préoccupations du monde moderne gouverné par la vitesse (précipitation ?), l’individualisme et l’appât du gain.

Sans triomphalisme, le héros affronte les évènements avec dignité, tout en découvrant la véritable vie de la défunte et profite du choc du deuil pour donner de nouvelles priorités à sa vie centrée sur l’histoire, les racines et la famille.

« The descendants » est donc un film introspectif, difficile, douloureux, parfois poignant qui mérite bien ses quelques récompenses (dont un oscar).

Il est en revanche fermement à déconseiller aux personnes pressées, fragiles ou immatures qui ne sauront l’apprécier et trouveront le temps insupportablement long.

The descendants (Alexander Payne)
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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 19:54

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Je n’avais, je l’avoue jamais entendu parler de « Liaison fatale » d’Adrian Lyne.

Sorti en 1987, « Liaison fatale » est un thriller d’apparence ultra classique dans lequel Dan Gallagher (Michael Douglas), un riche avocat new yorkais père de famille, commet un adultère avec une éditrice rencontrée à une soirée, Alex Forrest (Glenn Close).

Blonde, séductrice et du même âge que lui, Alex se montre trop tentante pour Dan, resté seul à New-York tandis que sa femme Beth (Ann Archer) est allé visiter leur nouvelle maison en banlieue.

Après un week end de pure passion physique, Dan pense en avoir fini avec une aventure qu’il considère comme sans lendemain mais comprend à son grand désarroi que Alex s’est considérablement attachée à lui.

Désemparé face aux réactions violentes de son amante, Dan panique lorsque celle-ci s’ouvre les veines devant lui pour le forcer à rester avec elle.

Le retour à la vie normale se trouve donc plus compliqué que prévu lorsque Alex lui apprend être enceinte de lui, vouloir garder le bébé mais surtout qu’il assume son rôle de père.

Devant le refus de Dan de rentrer dans cette logique infernale, Alex ne tarde pas à prendre une place toujours plus importante dans son existence avec des visites imprévues à son bureau et surtout des appels téléphoniques à son domicile, quelques fois en pleine nuit.

Le passage sur liste rouge ne suffit pas car Alex s’arrange pour rencontrer Beth en prétextant vouloir acheter leur appartement.

Pris au piège, Dan tente de trouver de l’aide auprès d’un ami avocat et de ses contacts dans la police, mais sans réel succès puisque Alex va jusqu’à détériorer son véhicule.

Tremblant pour son ménage, Dan pousse sa famille à déménager plus tôt que prévu en banlieue mais ne peut échapper pour autant à Alex qui tue dans un grand accès de cruauté le lapin de sa fille Ellen (Ellen Hamilton Latzen).

Acculé, Dan n’a d’autres possibilité que d’avouer sa faute à sa femme, ce qui provoque un drame familial et son déménagement forcé.

Malheureusement les révélations à Beth ne suffisent pas à apaiser Alex qui s’en prend à Ellen en l’enlevant à la sortie de l’école.

La mère est tellement paniquée qu’elle a un accident de voiture, heureusement non mortel.

Rendu lui aussi fou par les dégâts occasionnés sur sa femme et sa fille, Dan s’en prend directement à Alex en l’agressant dans son appartement.

La lutte est violente, confuse et pleine de rage.

Dan se retient de l’étrangler et a bien du mal à ne pas prendre un coup de couteau en retour.

Le retour de Beth de l’hôpital à la maison n’est pas pour rassurer la famille car Alex continue son entreprise de destruction aveugle.

L’affrontement final a lieu dans la maison après que Alex tente de tuer Beth à coup de couteau.

Dan surgit dans la salle de bain pour aider sa femme et lutte pied à pied avec la tueuse.

Après avoir été noyée, Alex surgit encore, toujours menaçante et seule une balle dans la poitrine tirée par Beth a raison d’elle.

En conclusion, « Liaison fatale » est thriller dans la veine des « Basic instinct » et autres « Harcèlement » avec ce même Michael Douglas décidément victime idéale pour la gente féminine.

Même si filmé antérieurement et donc forcément un peu daté après 27 ans, « Liaison fatale » recèle un fort gout de déjà vu par sa trame classique et d’une manière prévisible.

Malgré cela, l’intensité du suspens, la violence de certaine scène et la qualité des acteurs, même si la maigrichonne Glenn Close manque singulièrement de sex appeal comparé à Sharon Stone ou Demi Moore, font le spectateur passe un très bon moment.

Sans grande surprise ou originalité donc, mais de bonne facture.

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 20:16

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Sorti en 2004, « Attraction fatale » est un film de Matthew Parkhill.

Au premier abord le film aborde une classique image de ménage à trois en Angleterre avec Carmen (Natalia Verbeke) une jeune femme espagnole partagée entre une demande en mariage de son fiancé Barnaby (James D’Arcy) et un coup de foudre soudain pour un inconnu, Kit (Gael Garcia Bernal) rencontré dans une soirée enterrement de vie de jeune fille.

Tombé sous le charme de Carmen, Kit la poursuit de ses assiduités, et malgré quelques rebuffades finit par la faire tomber sous son charme.

Les deux jeunes gens partagent en effet des origines latines, brésiliennes pour Kit, espagnoles pour Carmen, un fort tempérament et une grande instabilité professionnelle, qui les font aller de petits boulots précaires en petits boulots précaires, leur véritable vocation étant plutôt artistique, acteur pour Kit, danseuse de flamenco pour Carmen.

Détail particulièrement marquant, Kit filme très souvent son amie afin de conserver des images d’elle pour l’éternité.

Carmen parvient pourtant à résister à son désir pour Kit et à rester du coté de la raison, en se revenant vers le distingué Barnaby, qu’elle finit par épouser.

Kit ne peut empêcher le mariage de se tenir mais immédiatement après sa réalisation, Carmen explose, rejetant le richissime Barnaby et se jetant dans les bras de son amant fauché.

Après une nuit torride, elle trouve la force de revenir une nouvelle fois vers Barnaby mais celui-ci en apparence dévoré par le chagrin la rejette et filme son suicide par arme à feu.

Carmen se rue sur place, Kit est également effondré et finit par tomber le masque en lui révélant qu’il a été engagé par Barnaby pour séduire Carmen et mettre en image cette relation.

Le film bascule donc complètement lorsque Barnaby refait surface et explique le plan machiavélique qui l’a amené à réaliser un film ultra réaliste en manipulant la fragile Carmen et le paumé Kit, alors au chômage et perclus de dettes.

Pour parvenir à ses fins, Barnaby s’est appuyé sur deux hommes de main, Tom (Tom Hardy) et Theo (Charly Cox) et parvient avec un immense cynisme à faire de son film moralement discutable, un beau succès dans le monde du cinéma.

Alors que toute l’équipe s’apprête à recevoir un prix couronnant le coté radical du film, Kit tire sur Barnaby et le blesse mortellement de plusieurs balles dans le corps.

Interrogé par les forces de police britanniques, il révèle une idée de tir à blanc pour choquer le public et créer une nouvelle publicité pour le film, qui a au final mal tourné.
Mais la réalité s’avère toute autre, avec Carmen éliminant par vengeance son ancien amant manipulateur et accusant Theo et Tom en mettant l’arme mortelle dans la poche de l’un d’entre eux.

Lavé au final de tout soupçon, Kit peut ainsi rejoindre Carmen pour filer le parfait amour dans la relative aisance du succès du film.

En conclusion, « Attraction fatale » est un film atypique, commençant comme une comédie romantique un tantinet à l’eau de rose avant de basculer vers une manipulation perverse à forte teneur psychologique.

Le twist est donc suffisant pour tenir en haleine suffisamment longtemps jusqu’à la fin du film, même si le jeu des acteurs, est en réalité assez fade et toute juste potable.

Quelques critiques toute de même sur les quelques clichés du film, une espagnole s’appelant Carmen et dansant le flamenco, un mari en apparence attentionné, grand, beau et riche, et un amant maladroit mais charmant.

Malgré ses quelques critiques et une réalisation un peu trop lisse à mon gout, « Attraction fatale » se regarde plutôt agréablement.

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 19:29

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Paru en 1957, « Douze hommes en colère » est remarquable en raison de son statut de  classique du cinéma noir et blanc mais également comme premier film de Sydney Lumet.

Parfait huis clos, « Douze hommes en colère » est l’histoire d’un jury composé de douze américains devant délibérer sous la houlette de l’un d’entre eux (Martin Balsam) et rendre un verdict unanime pour juger un jeune homme accusé d’avoir tué son père une nuit d’un coup de couteau.

Alors que tout semble accabler le jeune homme notamment le témoignage d’un vieil homme l’ayant entendu menacer son père puis l’ayant vu détaler dans les escalier et une voisine, ayant vu la scène de meurtre à travers les fenêtres d’un train de nuit, le jury s’apprête à promptement rendre son verdict et à condamner l’accusé à la peine de mort.

Pourtant un homme, appelé Monsieur Davis (Henry Fonda), architecte, décide de voter non coupable, enrayant donc tout le processus et forçant les onze autres à entamer des délibérations imprévues.

Davis doit tout d’abord essuyer les foudres d’un juré (Lee J Cobb) particulièrement virulent et fort en gueule, dont les avis très tranchés semblent entrainer le reste du groupe dans un mouvement grégaire naturel.

Sans se départir de son calme, Davis va dans une atmosphère estivale étouffante défendre son point de vue, décortiquant méticuleusement les charges pesant sur l’accusé.

Il va tout d’abord s’attaquer au témoignage du vieil homme, relever les incohérences de son témoignage notamment pour entendre une discussion au milieu du fracas métallique du passage d’un train et quand à l’impossibilité compte tenu de son âge de se lever rapidement pour voir passer un jeune homme dévalant à toute vitesse un escalier en pleine nuit.

Le témoignage de la voisine est également écorné lorsqu’il montre l’impossibilité temporelle de suivre un meurtre à travers les vitres d’un train de nuit mais c’est surtout l’exhibition d’un couteau identique à celui du meurtrier acheté dans le même quartier qui vient faire forte impression sur les jurés.

Même si ce brillant argumentaire irrite plutôt qu’il ne convainc la majorité, Davis parvient toutefois à retourner deux jurés, notamment l’un d’eux (Jack Klugman) issu du même type quartier déshérité que l’accusé et ne pouvant supporter les terribles préjugés sociaux des autres jurés contre les couches basses de la population.

Malgré les protestations du juré meneur qui du fait de ses propres problèmes avec son fils, fait de ce procès une affaire personnelle ou celle de plus bas niveau d’un juré (Jack Warden) furieux de rater son match de base ball, Davis tient bon et continue de livrer la bataille des arguments, continuant pas à pas son travail de conversion.

Un juré costaud doté d’une bonne âme (joué par le sympathique Ed Binns), se rallie à Davis et intime au juré meneur plus de correction à l’égard d’un vieil homme (Joseph Sweeney) redoutable auxiliaire du discours de Davis.

Même les déclarations embrouillées de l’accusé concernant sa présence invérifiable au cinéma sont relativisées au motif d’une forte émotion due à la dispute père-fils.

L’aide du juré issu des quartiers chauds parvient à montrer que la technique utilisée pour poignarder le père n’est pas conforme à un habitué du maniement des couteaux à crans d’arrêt.

Ceci parvient à renverser des jurés supplémentaires notamment le fan de base ball incapable d’argumenter ses choix et il reste au final un noyau dur composé d’un vieil homme engoncé dans ses préjugés sociaux (Ed Begley), un banquier (Ed Marshall) froid et déterminé et le meneur passionné.

Le point de basculement final s’effectue lorsque le vieil homme parvient à prouver au banquier que la femme témoin était myope et ne portait probablement pas ses lunettes en se levant en pleine nuit.

Cet argument jette suffisamment le trouble pour que le banquier capitule, que le vieil obstiné reconnaisse de lui-même la vacuité de ses préjugés …

Au final, le meneur doit avaler sa rancœur personnelle et finir par reconnaitre lui aussi que le gamin n’est sans doute pas coupable.

Dans la dernière scène, Davis et le vieil homme se quittent dans la rue en se serrant la main.

En conclusion, « Douze hommes en colère » est un bijou d’adresse psychologique, déroulant toutes les subtilités de l’argumentation.

En réalité, aucun des arguments développés n’est à lui seul décisif mais leur accumulation permet juste de jeter le trouble sur des accusations trop évidentes et à faire jouer le principe inaliénable de la présomptions d’innocence.

L’exercice est donc à la fois brillant sur le fond (rendre une justice basée sur l’analyse des faits et non des préjugés) et la forme avec toute une galerie d’acteurs fantastiques dans leur rôle derrière Henry Fonda, incarnant ici l’un de ses plus beaux personnages (car humaniste) au cinéma face à une meute d’accusateurs composée de meneurs et de suiveurs, tous finissant par développer une plus ou moins grande capacité d’autonomie de jugement.

Egalement idéal pour une adaptation au théâtre, « Douze hommes en colère » est un film formidable, à voir et revoir tout au long de sa vie sans réellement se lasser …

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