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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 20:44

Déjà remarqué par le très touchant et original « Anvil : the story of Anvil » en 2008, Sacha Gervasi refait parler de lui en 2012 avec « Hitchcock » consacré au (plus) grand réalisateur britannique.

L’histoire est simple : ayant obtenu un énorme succès commercial après « La mort aux trousses », Alfred Hitchcock (Anthony Hopkins alourdi et méconnaissable) souhaite en 1959 se remettre en question et explorer de nouvelles voies plus tortueuses.

Il a alors comme idée d’adapter un roman de Robert Block « Psycho » traitant d’un sujet particulièrement scabreux les meurtres de femmes perpétrés par un tueur en série schizophrène obsédé par la personnalité de sa mère décédée jusqu’au point de se travestir pour commettre ses crimes.

Compte tenu de l’horreur du sujet inspiré de surcroit de la vie d’Ed Gein (Michael Wincott), la Paramount représenté par Barney Balaban (Richard Portnow) se montre ultra frileuse et craignant la redoutable censure américaine refuse de financer le film.

Convaincu de tenir un sujet fascinant, Hitchcock s’obstine, mettant à contribution son agent Lew Wassermann (Michael Stuhlbarg), sa secrétaire Peggy Robertson (Toni Colllette) et sa femme Alma Reville (Helen Mirren) qui est également sa plus proche collaboratrice mais essuyant refus sur refus, doit se rendre à l’évidence : il va être obligé de financer le film lui-même.

Sa femme accepte le sacrifice d’une réduction de leur train de vie, il est vrai assez fastueux voir de la vente de leur splendide maison californienne mais entretient également une curieuse relation avec Whitfield Cook (Danny Huston), un scénariste de second plan qu’elle soutient et rencontre périodiquement.

Tout en travaillant sur le scénario de son film et en envisageant plusieurs actrices, Hitchcock développe une violente jalousie à l’égard de Cook.

Il est vrai qu’Alma s’absente plusieurs après midi pour déjeuner ou passer des après midi entière dans une villa au bord de la mer ou ils mettent au point ensemble le nouveau scénario de Cook.

Sous les conseils de sa femme, Hitchcock choisit héroïne, Janet Leigh (Scarlett Johansson) dans la lignée de ses femmes fatales blondes qui l’obsèdent et relègue la pourtant formidable mais trop modeste Vera Miles (Jessica Biel) en second plan.

L’acteur masculin sera Anthony Perkins (James d’Arcy) en raison de son physique torturé un tantinet efféminé.

Tenaillé par la peur de la faillite et animé par un farouche désir de revanche, Hitchcock donne tout de lui-même dans ce film, transposant sa colère vis-à-vis d’Alma dans les scènes les plus violentes du film.

Il a maille à partir avec la censure représentée par Geoffrey Shurlock (Kurtwood Smith), qui s’offusque des plans dénudés dans la fameuse scène de la douche.

Le résultat est détonnant, torturé et impressionnant.

Alma le remplace lorsque malade, il prend du retard sur le planning et finit par s’expliquer clairement sur sa relation avec Cook devant les remarques insistantes de son mari.

La mise au point est musclée et rassure Hitchcock sur la fidélité et l’implication de sa femme à ses cotés.

Bénéficiant d‘une propagande adroite, « Psychose » sort ensuite en 1959 et a un terrible impact sur le public, apportant un succès artistique et commercial sans précédent dans la carrière déjà fournie du réalisateur qui gagne son pari audacieux au nez et à la barbe de la censure et des studios trop conservateurs.

En conclusion, « Hitchcock » est film sympathique très bien interprété sur la genèse de la plus grande œuvre cinématographique qui ait pu voir le jour.

On y comprend les risques pris par le maitre du suspens, son refus du conformisme ou de la facilité comme retourner un ersatz de « La mort aux trousses » pour aller fouiller dans les cotés les plus dérangeants et troubles du psychisme humain.

« Hitchcock » prouve que l’audace paie et qu’on doit donc comme Alfred Hitchcock a su éviter la facilité pour suivre son instinct pour réaliser sa plus grande œuvre.

Un film donc solide et agréable pour les fans d’Hitchcock et de « Psychose » mais dont le classicisme ennuiera peut être les autres !

Hitchcock (Sacha Gervasi)
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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 18:58

L’exploration de la filmographie d’Alfred Hitchcock n’a sans doute pas de limites rapidement atteintes aussi est-ce avec une certaine jubilation que j’ai pu visionner « Le procès Paradine ».

Vieux film en noir et blanc sorti en 1947, « Le procès Paradine » raconte une histoire ultra classique de procès ou un jeune et bel avocat londonien Anthony Keane (Gregory Peck) accepte de défendre une séduisante jeune femme accusée du meurtre de son mari, Anna Paradine (Alida Valli).

D’emblée, Keane est troublé par la beauté froide de Mrs Paradine et prend personnellement le parti de défendre son innocence.

Cette proximité produit immédiatement une impression de gêne chez sa femme, Gay (Ann Tod) en raison du surcroit de travail qu’il provoque chez son mari et de l’annulation d’un voyage en Europe prévu de longue date.

Keane se trouve peut convainquant lorsqu’il s’agit défendre le caractère professionnel de son affaire et prend de lui-même l’initiative de se rendre dans la banlieue de Londres dans la maison qu’occupait le défunt.

Dans une belle maison bourgeoise de campagne, Keane fait la connaissance troublante d’André Latour (Louis Jourdan) le valet des Paradine, qui l’épie et se montre particulièrement hostile à l’égard d’Anna Paradine.

De retour à Londres, la situation ne s’éclaircit pas forcément et le procès bat son plein.

Celui-ci présidé par le juge Lord Thomas Horfield (Charles Laughton) se montre particulièrement houleux et débouche sur une confrontation directe entre Keane et Latour, qui sous le feux des questions de l’avocat, finit par céder peu à peu du terrain et révèle son implication dans un possible meurtre de Mr Paradine.

La défense acharnée de Keane finit donc par porter ses fruits et l’avocat pousse Latour à reconnaitre qu’il a probablement empoisonné Paradine car celui-ci avait découvert qu’il courtisait sa femme.

Le fait que Latour ait été de surcroit l’un de bénéficiaires du testament du vieux militaire aveugle en raison de ses bons et loyaux services, constitue de surcroit une circonstances aggravantes.

Mais si Latour qui s’obstine à associer Mrs Paradine à cet assassinat, finit par céder et à se suicider par peur du déshonneur public, un nouveau coup de théâtre se produit lorsque Anna, ébranlée par l’annonce de la mort du jeune homme, accepte de s’accuser de complicité de meurtre.

Cette annonce bouleverse Keane, qui comprend la relation amoureuse entre Latour et Mrs Paradine, et l’assassinat du mari handicapé, principal obstacle à leur passion.

Il trouve cependant un soutien bienvenu auprès de sa femme et accepte de se rapprocher d’elle après l’avoir si longtemps délaissée …

En conclusion, « Le procès Paradine » est un film faisant son âge et se caractérise par un manque patent d’action.

Inutile de dire qu’on trouve le temps long auprès de ses presque deux heures et que la qualité du jeu des acteurs notamment Valli parfaite en femme fatale et Peck toujours aussi impressionnant/énervant de charisme insolent.

Malgré sa force, le thème de de la passion amoureuse et l’ambigüité de la relation entre l’avocat et sa cliente, ne sont pas suffisamment mis en avant pour tenir le film à bout de bras et « Le procès Paradine » ne tient donc pas au niveau du suspens toutes ses promesses, loin s’en faut.

Un film qu’on qualifiera donc de mineur dans la si riche filmographie du maitre britannique.

Le procès Paradine (Alfred Hitchcock)
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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 20:21

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Sorti en 1972, « Frenzy » est l’un des derniers films d’Alfred Hitchcock et pas nécessairement le plus connu.

L’histoire est celle d’un polar classique comme Hollywood affectionne, avec à Londres un ancien pilote de chasse appelé Richard Blaney (Jon Finch) en proie a d’importantes difficultés personnelles : limogeage de son métier de barman par son patron et douloureux divorce de sa femme Brenda (Barbara Leigh-Hunt).

Blaney apparait comme un homme tourmenté, fort en gueule et volontiers excessif dans ses comportements comme lors d’un diner mouvementé avec son ex femme dont il ne supporte pas la réussite matérielle comme directrice d’une agence de rencontres.

Alors que dans le même temps, un tueur en série étranglant les femmes avec ses cravates sévit dans la ville, Blaney va se trouver soupçonné malgré lui de meurtres après que sa femme ait été assassinée à son bureau.

Le meurtrier est en réalité son ami le grossiste en fruits et légumes Robert Rusk (Barry Foster), qui étrangle Brenda après une scène de viol particulièrement pénible.

Soupçonné par Monica Barling (Jean Marsh) la secrétaire de Brenda qui le voit sur place peu après le meurtre et par son comportement jugé violent en public, Blaney va devoir se cacher de la police qui avec l’inspecteur Oxford (Alec Mc Cowen) mène l’enquête.

Il est aidé dans sa cavale par sa maitresse Barbara Milligan (Anna Massey) mais commet le tort de se confier à Rusk, qui incapable de refreiner ses puissants instincts de prédateur s’empresse de se ruer sur la belle pour la tuer également.

Lorsque que Rusk découvre que Barbara a dans sa mort emporté une broche permettant de l’identifier, l’homme panique et se précipite sur un camion de pommes de terre dans lequel il a chargé le corps de sa victime.

Dans le noir absolu de la remorque roulant en pleine nuit, Rusk est obligé de briser les doigts de Barbara pour vaincre la rigidité cadavérique et récupérer sa broche.

Il descend ensuite du camion dans un état lamentable tandis que le corps de Barbara est finalement retrouvé sur la route.

Rusk échappe une nouvelle fois à la police, et Oxford qui bien que peinant à supporter la nourriture exécrable de sa femme, Madame Oxford (Vivien Merchant), reçoit cependant de précieux conseils pour adopter la plus grande prudence quand à l’évidence des preuves condamnant Blaney.

Malheureusement, Blaney de plus en plus sous pression court chez Rusk qui se fait un malin plaisir de le trahir pour le faire arrêter à sa place.

Condamné par les apparences, Blaney est jugé, condamné à perpétuité et emprisonné.

Haineux contre Rusk, il simule un accident en prison pour se faire transférer dans un hôpital et ainsi fausser plus facilement compagnie à ses geôliers.

Blaney étant un enquêteur médiocre, peine à confondre Rusk pris pourtant en flagrant délit de nouveau meurtre, mais reçoit l’aide inespérée de Oxford, finalement convaincu par la sagacité de sa femme, qui lui permet de serrer finalement le véritable tueur.

En conclusion, « Frenzy » est un efficace polar bien construit qui séduit par son rythme enlevé riche en rebondissements.

Au milieu des pubs et commerces de sa Londres chérie, Hitchcock terrorise dans des scènes ou le sexe apparait années 70 obligent crument, mais divertit également par son humour décapant comme dans les scènes de repas des Oxford, ou la nourriture (française !) la plus infâme est servi au valeureux policier qui ne se déparait pas pour autant de son flegme britannique.

Quelques bémols pourtant : le personnage de Finch toujours en colère et particulièrement peu sympathique auquel il est impossible de s’identifier et la scène du camion, insoutenable par sa longueur, son coté glauque et son manque d’intérêt pour le film.

Malgré ses quelques défauts et une intrigue somme toute assez classique, « Frenzy » est un film tout à fait respectable au sein de la plantureuse filmographie du Maitre.

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 11:43

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La filmographie sans fin d’Alfred Hitchcock avec « L’ombre d’un doute ».

Sorti en noir et blanc en 1943, « L’ombre d’un doute » ne jouit pas d’une grande renommée mais est notable comme le film préféré du réalisateur britannique.

L’histoire se déroule par un moite été américain ou un homme appelé Charles Oakley (Joseph Cotten) visiblement traqué par deux inconnus, parvient à leur échapper en quittant précipitamment une modeste chambre dans laquelle on découvre une importante somme d’argent en liquide visiblement acquise de manière douteuse.

Oakley se réfugie en Californie ou il retrouve la famille de sa sœur, Emma devenue Newton (Patricia Collinge) après avoir épousé un employé de banque appelé Joseph (Henry Travers).

Joseph et Emma vivent dans la petite ville typique de la classe moyenne américaine, entre aisance et tranquillité.

Pourtant leur jeune fille Charlie (Teresa Wright) estime que leur vie de famille est profondément insatisfaisante et que les Watson ne font que travailler, manger et dormir sans jamais échanger fortement sur le plan humain.

Charlie se réjouit donc de la venue de Oncle Charlie, un grand et très bel homme qu’elle admire profondément et qu’elle estime être le sauveur de la famille.

Pour compléter le panorama, impossible de ne pas citer les enfants, Ann (Edna May Wonacott) et Roger (Charles Bates), dont les répliques d’une maturité et d’un sérieux décalé par rapport à leur âge, provoquent un important effet comique.

Oncle Charlie s’installe donc chez les Watson et malgré la forte tendresse entre lui et sa sœur, s’installe assez rapidement une sorte de malaise du à son comportement étrange.

Charlie entre tout d’abord dans une fureur noire lorsqu’il découvre dans le journal, quelques pages d’un article le concernant et les arrache brutalement à Charlie qui demeure intriguée par cette réaction aussi inattendue que violente.

L’oncle est certes généreux et distribue à la famille de nombreux cadeaux, même si la bague offerte à Charlie avec des initiales inconnues gravées dessus provoque un nouveau malaise.

Il reste également évasif sur ses activités professionnelles, évoquant la profession d’un homme d’affaires.

Lorsqu’il ouvre un compte dans la banque de Watson et exhibe 40 000 dollars en liquide, son attitude provocatrice à l’égard du banquier choque le milieu petit bourgeois des Watson.

Mais les plus grandes tensions s’installent au moment de la venue des deux hommes le recherchant, qui se font passer pour des agents du recensement venus étudier une famille américaine typique.

Malgré les violentes réticences de l’oncle qui refuse de se faire interviewer et photographier, les deux hommes se montrent insistants, et l’un d’entre eux, Jack Graham (Mc Donald Carey) parvient à obtenir un rendez vous en tête à tête avec Charlie.

L’homme lui avoue être un policier à la recherche d’un homme appelé tueur de veuves joyeuses, spécialisé dans la séduction et le meurtre de femmes mures et riches.

La police étant sur la trace de deux suspects dont l’oncle, Charlie après un légitime mouvement de recul face à de telles révélations, accepte d’aider Jack dans son enquête.

Elle va donc surveiller de plus près l’oncle dont le comportement de séducteur avec les femmes mures et les propos particulièrement cinglants contre l’argent et la corruption du monde dénotent dans le petit univers bien formaté des Watson.

Curieuse, Charlie va jusqu’à la bibliothèque municipale pour retrouver le journal dont les pages mettaient mal à l’aise son oncle.

Ces pages confirment les soupçons de la police, avec l’annonce du meurtre d’une riche veuve par strangulation et surtout le vol de sa bague, dont les initiales correspondent à celles figurant sur le cadeau de l’oncle.

Dès lors, Charlie change radicalement de position face à son oncle, son admiration cesse et elle lui fait comprendre qu’elle sait.

L’homme pourtant continue de jouer son rôle avec une belle assurance, profitant de sa relation privilégiée avec Emma, qui révèle tout de même son enfance troublée après un grave accident de la route, dont on comprend qu’il aurait altéré sa personnalité.

L’annonce de la mort du second suspect tué dans sa fuite, semble apaiser la tension dans la maison et provoque le départ des policiers, mais ne dissipe pas les doutes de Charlie.

L’oncle sent la menace de Charlie et entreprend de la tuer en provoquant divers accidents domestiques comme déchausser une marche en bois ou pire tenter de l’asphyxier dans un garage en laissant tourner le moteur de la voiture toutes portes fermées.

Charlie échappe à la seconde tentative de meurtre par miracle, grâce à l’aide de Herbert Hawkins (Hume Cronyn) l’ami de Joseph dont le principal passe temps consiste à lire des romans policiers et échafauder différentes manières de tuer les gens.

L’Oncle comprend alors qu’il ne peut plus tenter de tuer Charlie dans la maison et annonce son départ subite après avoir participé à une soirée organisée par le club « pour femmes » de Emma.

Après des adieux rapidement expédiés, l’oncle s’arrange pour retenir Charlie dans le train qui l’emmène au loin et estimant qu’elle en sait beaucoup trop sur son compte, tente de l’étrangler et de la jeter hors du train.

Une lutte s’ensuit et Charlie réussit un peu miraculeusement à expédier son oncle à sa place hors du train.

L’enterrement de Charles Oakley a donc lieu dans la ville des Watson avec une cérémonie particulièrement hypocrite ou ses qualités humaines sont louées.

Incapable de supporter pareille horreur, Charlie reçoit le soutien de Jack qui a honoré sa promesse de revenir la voir pour ce qu’on devine une relation naissante.

En conclusion, on comprend pourquoi « L’ombre d’un doute » était le film préférée du maitre, à en juger par ses multiples qualités.

Le principal génie du film repose sur le décalage entre la petite vie en apparence paisible de la classe moyenne américaine, qui travaille, va à la messe, arrose sa pelouse, fait des gâteaux le dimanche et l’arrivée soudaine d’un meurtrier en cavale, qui va tenter de se dissimuler tel un loup dans un troupeau de moutons pour échapper aux chiens de berger.

Par l’intermédiaire de son acteur principal, Joseph Cotten, exceptionnel de prestance et de charme vénéneux, Hitchcock attaque vertement les valeurs de la société américaine, son conformisme, son matérialisme et son hypocrisie.

Teresa Wright reçoit également un rôle passionnant ou elle peut exprimer un formidable esprit indépendant déjà remarquable pour l’époque, 1943 n’oublions pas.

Un ennemi séduisant et ténébreux, une jeune femme courageuse et libre, un humour prononcé s’exprimant par les répliques d’enfants donneurs de leçons ou par les dialogues meurtriers improbables entre Travers et Cronyn, le tout soigneusement agencé dans une construction serrée et fine, font effectivement de « L’ombre d’un doute » un des meilleurs films d'Hitchcock doublé d'un chef d’œuvre iconoclaste du cinéma.

Et un point de ralliement pour les anticonformistes ?

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 22:49

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Le cinéma classique avec « Le rideau déchiré » d’Alfred Hitchcock.

Adapté d’un roman de Brian Moore, « Le rideau déchiré » est un pur film d’espionnage sorti en 1966.

L’histoire est celle d’un scientifique américain du nom de Michael Armstrong (Paul Newman) qui au cours d'un congrès à Copenhague, décide de passer dans le camp ennemi en prenant un vol pour Berlin Est.

Mais il n’a pas prévu que sa petite amie Sarah Sherman (Julie Andrews) également scientifique, le suive dans son voyage de l’autre coté du rideau de fer.

Arrivé sur place, Michael bien que embarrassé et agacé par la présence de la tenace Sarah, est mis devant le fait accompli et forcé de composer avec sa fougueuse amie.

Lorsque Sarah apprend que Michael se déclare lors d’une conférence publique, prêt à rallier le camps de l’Est pour que ses recherches sur les missiles anti missiles capable d’intercepter des tirs nucléaires soient financés, la jeune femme est terriblement déçue.

Michael justifie sa traitrise par des idéaux pacifiques et scientifiques supérieurs et est pris en charge par Heinrich Gerhard (Hansjorg Felmy) qui lui adjoint un garde du corps attitré le vulgaire et rusé Gromek (Wolfgang Kieling).

Il parvient à semer son chaperon dans le vaste musée de Berlin et rejoint une zone de la campagne ou il entre en contact avec un réseau d’espion appelé Pi.

Au milieu d’un champs, Michael révèle à un faux fermier (Mort Mills) qu’il est un agent double américain chargé de dérober des informations concernant les missiles anti missiles nucléaires à un brillant scientifique allemand nommé le Docteur Lindt (Ludwig Donath) résidant à Leipzig.

En retour, le fermier lui fait bénéficier de précieuses informations pour préparer sa fuite hors du pays.

De retour à la ferme, Michael est surpris par Gromek qui a aisément compris a véritable raison se sa présence à Berlin et une lutte terriblement violente s’engage alors.

Malgré son infériorité supposée en combat rapproché, Michael aidé de la femme du fermier (Carolyn Conwell) parvient difficilement à tuer Gromek en l’asphyxiant dans un four à gaz après lui avoir planté une lame dans l’épaule.

Se sachant en danger, il rallie à toute vitesse Berlin pour retrouver Sarah, qui a finalement décidé de rester à ses cotés.

Michael profite de son crédit positif pour solliciter un entretien avec le Docteur Lindt à mais il doit pour cela être auditionné par un jury composé de scientifiques est allemands.

L’audition à Leipzig se passe mal, puisque Gerhard ayant découvert la disparition suspecte de Gromek décide d’interrompre le processus.

Mais Lindt présent dans l’assistance, prend sur lui avec beaucoup d’autorité de recevoir Michael dont il estime les informations vitales pour la sécurité de son pays.

L’entretien entre les deux savants tourne court, car Michael très loin de posséder le niveau scientifique de Lindt, profite astucieusement d’une discussion autour de formules mathématiques complexes pour mémoriser les méthodes de l’allemand qui comprend trop tard le stratagème.

Michael s’enfuit ensuite avec Sarah alors que l’alerte est donnée.

Le réseau Pi lui permet de quitter la ville dans un faux bus en direction de Berlin, dans lequel ont pris place des candidats pour passer à l’Ouest.

Le trajet est cependant difficile, avec la présence de déserteurs puis de soldats qui ayant compris que le bus n’était pas un bus officiel, tirent dans la foule après l’arrivée à Berlin.

Perdu dans cette ville avec son allemand rudimentaire, le couple recherche un bureau de poste dans lequel il est sensé trouver des informations pour passer de l’autre coté.

Ils est aidé par une polonaise excentrique à la recherche de correspondants à l’Ouest, la comtesse Kuchinska (Lila Kedrova) qui contre la promesse d’une correspondance ultérieure, les conduits jusqu’au bureau de poste.

Malgré la forte présence policière et le sacrifice de la comtesse pour couvrir leur fuite, Michael et Sarah finissent par trouver leur contact qui leur indique qu’il doivent utiliser les malles d’une troupe de théâtre tchécoslovaque pour revenir par bateau en Suède.

Une nouvelle fois traqué jusque dans le théâtre, le couple simule une alerte incendie pour échapper à la rafle et peut caché dans des malles et par voie maritime sa destination, non sans une ultime péripétie ou une officielle est allemande particulièrement patibulaire fait tirer sur des malles heureusement vides sur le point d’être déchargées …

Hors d’atteinte, le couple peu alors se remettre de ses émotions et songer à son mariage proche.

En conclusion, « Le rideau déchiré » est un long et tortueux film d’espionnage (plus de 2h), au rythme assez mou malgré de multiples péripéties.

L’idée de départ est bonne quoi que aujourd’hui bien datée.

Malgré quelques scènes fortes comme l’interminable lutte à mort entre Kieling et Newman, le suspens crée par Hitchcock n’est pas aussi intense que dans ses meilleurs réalisations, l’ampleur non plus.

Le parti pris peu nuancé car ouvertement pro-américain présentant les communistes comme des personnages frustres et patibulaires irrite, tout comme certaines situations assez invraisemblables comme la rencontre tragico-comique avec la comtesse polonaise irritante.

Du coté des acteurs, l’élégant Newman livre une prestation de scientifique correcte mais sa partenaire féminine tient elle franchement le rôle de faire valoir.

Tout concourt donc à faire de « Le rideau déchiré » un film globalement moyen qui aurait pu être sans doute meilleur en étant épuré et musclé.

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 20:20

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Intéressons nous aux tous premiers films en noir et blanc d’Alfred Hitchcock avec « Une femme disparait ».

Sorti en 1938, « Une femme disparait » se déroule dans un pays indéterminé d’Europe de l’Est ou des passagers d’un train sont contraints en raison d’un retard de leur train de passer la nuit dans un hôtel.

Parmi eux, Iris Henderson (Margaret Lockwood), une jeune anglaise sur le point de se marier et accompagnée par deux de ses turbulentes amies, fait la connaissance de Gilbert Redman (Michael Redgrave), un musicien anglais dont le tapage l’importune.

Sur le point de se faire expulser de l’hôtel, Gilbert parvient au culot à s’incruster chez sa victime et à rétablir une situation pour le moins compromise.

D’autres passagers se distinguent comme Miss Froy ( Dame May Whitty) une vieille gouvernante anglaise rentrant au pays avec qui le « couple » Gilbert-Iris sympathise, et un couple d’amis également britanniques, Charters (Basil Radford) et Cadlicott (Nauton Wayne), dont la seule préoccupation semble être de ne pas être en retard pour assister à un match de cricket dans leur pays.

Après quelques péripéties, le train arrive finalement et au moment de monter à bord, Iris est heurtée par un pot de fleur jeté volontairement d’une fenêtre pour atteindre Miss Froy.

La jeune femme parvient finalement à monter dans le train mais demeure sonnée.

Elle partage le même compartiment que Miss Froy et constate subitement son absence.

Le plus étrange est qu’aucun des passagers situés dans le même compartiment ne semble avoir vu la vieille femme, ceux-ci même allant jusqu’à nier sa présence à bord.

Ebranlée par les dénégations des passagers et par le choc sur son crane, Iris reçoit l’aide inattendue de Gilbert qui décide de la soutenir dans sa recherche de la vérité.

Quelques indices glanés à bord et le témoignages trop honnête d’une femme Mrs Todhunter  (Linden Travers) qui dit avoir vu Miss Froy conforte le couple dans la véracité du témoignage de Iris.

Mais la présence imposante d’une baronne Isabel Nisatova (Mary Clare) mais surtout d’un froid neurologue le Dr Hartz (Paul Lukas) qui embarque une femme au visage bandée pour l’opérer du cerveau une fois arrivé à destination, poussent Mrs Todhunter à faire machine arrière pour préserver sa liaison clandestine avec son amant.

Le duo Charters et Cadlicott n’étant d’aucune utilité, Gilbert et Iris vont pourtant persévérer dans leurs recherches et à débusquer dans un wagon désert des accessoires de magie comme des malles à double fond permettant tout à fait de dissimuler Mrs Froy.

Après une féroce empoignade avec l’illusionniste italien Doppo (Philipp Leaver) au comportement plus que suspect, le couple est contraint de l’assommer mais n’a pas pour autant résolu l’énigme de la disparition.

Quand finalement Iris insiste pour examiner le visage de la patiente du Docteur Hartz, la résistance farouche de ce dernier allume en elle un doute et la pousse avec son allié devenu amoureux à outrepasser les ordres du médecin pour délivrer la patiente de ses bandages et retrouver ainsi Miss Froy qui était en réalité une espionné traquée par d’autres espions des pays de l’Est.

Commence alors un bras de fer particulièrement intense entre d’un coté les espions des pays de l’Est et les quelques passagers finalement ralliés aux dire de Gilbert et Iris.

Après les menaces vient l’assaut au pistolet du train avec une farouche résistance des britanniques, tandis que Miss Froy se sentant menacée a demandé à Gilbert de mémoriser un air de musique pour le chanter devant le ministre des affaires étrangères.

Une fois délivrée de son secret, la vieille dame profite de la confusion pour partir seule et à pied, tandis qu’une fausse religieuse (Catherine Lacey) prise de remord se retourne finalement contre ses alliés et accepte de se sacrifier pour permettre au train de dévier de sa route pour se mettre hors de portée des tueurs.

Une fois sauvé, le duo comique Charters-Cadlicott apprend que son fameux match a été annulé et Gilbert accompagné de son inséparable Iris se rend au ministère pour transmettre son message phonique, qu’il oublie sous le coup du stress (!)

Heureusement il trouve Miss Froy sur place qui lui joue un petit air de musique pour l’accueillir.

L’histoire se termine donc légèrement avec un projet de mariage entre le couple formé dans l’adversité et l’improvisation.

En conclusion, « Une femme disparait » n’est pas et de loin le meilleur des Hitchcock.

La premier tiers du film est assez ennuyeux voir ridicule avec des allusions assez déplaisantes aux pays de l’Est forcément sous développés par rapport au majestueux Royaume-Uni.

Bien sur les choses s’animent lorsque l’enquête pour retrouver la vieille dame débute mais tout ceci demeure trop fortement inspiré du « Crime de l’Orient Express » d’Agatha Christie.

Si l’intrigue d’espionnage reste absolument accessoire et sans aucun sens, on retiendra le joli petit jeu de pistes et la complicité du duo amoureux o combien classique de Redgrave et Lockwood.

Ceci reste cependant bien mince pour élever ce film trop peu abouti au range de classique du maitre du suspens.

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 21:11

3lifeboat

 

 

Avec « Lifeboat » film en noir et blanc d’Alfred Hitchcock, nous abordons une période plutôt méconnue de la filmographie du maitre britannique.

Paru en 1943 en pleine Seconde guerre mondiale, « Lifeboat » a pour cadre le conflit maritime avec le torpillage au large des Bermudes d’un navire américain de croisière par un sous marin allemand, lui-même détruit au cours de l’assaut.

Après le naufrage, un petit groupe de survivants américain parvient à embarquer sur un canot de sauvetage pour constituer les seuls rescapés de l’attaque.

On retrouve ici Connie Porter (Talluah Bankhead) journaliste mondaine, le distingué Charles Rittenhouse (Henry Hull), deux femmes fragiles, Alice (Mary Anderson), Madame Higgins (Heather Angel) repêchée avec son bébé malheureusement mort, puis une brochette de marins rugueux dont les plus marquants sont Kovac le tatoué (John Hodiak), Sparks (Hume Cronyn), le costaud Gus (William Bendix) et Joe (Canada Lee) le stewart black du navire.

La situation déjà dramatique se tend encore davantage lorsque le groupe repêche un naufragé allemand du sous marin appelé Willy (Walter Slezak).

Connie fait l’interprète entre Willy et le reste des survivants et lui évite un lynchage sommaire tant l’animosité est vive au sein du groupe.

Peu à peu, on comprend que les rescapés n’ont aucune notion de navigation et que Willy est en fait le capitaine du sous marin et donc le seul amène de les ramener sur une ile.

Cette compétence est pourtant farouchement niée par le noyau dur du groupe et le duo Rittenhouse/Sparks plus déterminé que les autres s’improvise leader de fortune malgré des lacunes flagrantes dans l’art de la navigation.

Ebranlée par la mort de son bébé, Madame Hingis se suicide par noyade.

Les rations de survie se trouvent tragiquement amputées par l’embarquement de paquets de mer ce qui compromet sérieusement les chances d’échappatoire à un destin funeste.

L’équipage sert les dents, puisant dans ses ressources pour ne pas sombrer dans le désespoir.

La jambe gangrénée, Gus doit se faire amputer.

L’opération délicate est menée par Willy, seul disposant de qualifications médicales.

L’homme accepte courageusement l’épreuve, après avoir été préalablement saoulé en absorbant les dernières réserves d’alcool.

Ceci permet à Willy de gagner davantage la confiance du groupe et de se voir octroyer le droit de dicter le meilleur chemin maritime pour rejoindre la terre ferme.
En étonnante forme physique par rapport au reste du groupe, Willy se met même en tête de ramer assez vigoureusement.

Au cours de la traversée, Connie et Kovac se rapprochent en se découvrant une ascendance modeste commune.

Mais le manque d’eau rend la situation critique et le pauvre Gus, qui surprend Willy à boire de l’eau douce en cachette, est alors sommairement exécuté en étant basculé à la mer.

Le mort de Gus et les explications étranges de Willy finissent par convaincre le groupe du rôle trouble de l’allemand et ravivent la haine du conflit militaire.

Orgueilleux et menaçant, Willy avoue le meurtre et annonce qu’il va en réalité ramener le canot jusqu’à un navire allemand, ce qui déchaine contre lui l’ire de l’équipage.

L’allemand est alors lynché et jeté par-dessus bord.

Privé de leur guide et de leur moteur, les survivants assoiffés et affaiblis baissent en apparence les bras, avant que Connie ne fasse preuve de toute sa poigne pour leur redonner du courage.

Magnanime, elle propose d’utiliser son bracelet Cartier pour appâter du poisson ce qui échoue de justesse et provoque la perte de ce symbole extérieur de réussite sociale.

Alors que tout semble perdu, le canot observe l’arrivée du navire logistique allemand que cherchait à rejoindre Willy et se prend à rêver d’un secours.

Mais le navire est canardé par les américains et également coulé.

Ironie du sort, un nouveau naufragé allemand blessé est alors repêché, ce qui laisse la situation toujours incertaine …

En conclusion, « Lifeboat » est un vieux petit film méritant le respect tant il développe une atmosphère de huis clos psychologique prenante.

L’aspect psychologique est bien entendu dominant avec le rôle ambigu du soldat allemand, nécessaire à la survie par ses compétences mais indigne d’honneur et de confiance en raison de sa nature même d’ennemi viscéral.

Si Hitchcock semble s’orienter vers une union des humains soumis à la même adversité, il se range finalement du coté patriotique en assignant à l’allemand le rôle du fourbe, manipulateur, individualiste et au final criminel.

Les acteurs relativement peu connus, sont d’un très bon niveau et permettent d’assister à de très belles scènes d’une forte puissance émotionnelle comme la tragique amputation de Gus, qui se soucie de perdre ses capacités de danse nécessaires pour lui pour séduire une femme laissée sur terre ou le rôle épatant de Bankhead, femme forte, indépendante, finalement d’une grande simplicité et noblesse sous des airs de mondaine sophistiquée et superficielle.

Malgré sa fin en queue de poisson, « Lifeboat » est donc un film tout à fait recommandable pour les amateurs de vieux film de guerre à forte dimension psychologique.

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 08:54

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Poursuite de l’exploration du patrimoine d’Alfred Hitchcock avec « La corde » sorti en 1948.

La particularité de « La corde » est de se dérouler dans un même lieu, un cossu appartement New yorkais situé en haut d’une tour.

Brandon Shaw (John Dall) et Philip Morgan (Farley Granger), deux étudiants passionnés par l’idée du crime parfait tuent par défi l’un de leurs camarades, le dénommé David Kentley (Dick Hogan).

Le meurtre a lieu dans leur appartement par strangulation à l’aide d’une corde.

Philip apparait comme l’élément moteur du crime, le leader et théoricien tandis que Brandon, fragile et peu sur de lui est le suiveur.

Philip pousse le plaisir pervers jusqu’à inviter à diner des proches de David, parents et amis, alors même que son corps repose à l’intérieur d’une malle sur laquelle ils vont diner.

Sont présents son père (Cedric Hardwick) passionné de littérature, sa mère (Constance Collier) plutôt portée sur le cinéma même si sa mémoire lui fait souvent défaut mais surtout Janet Walker (Joan Chandler) la fiancée de David et son ex, Kenneth Lawrence (Douglas Dick), très mal à l’aise de cette invitation.

Hypocrite et vicieux, Philip prend beaucoup de plaisir à son jeu cruel en manipulant par l’affect ses convives, tandis que Brandon d’une nervosité extrême observe un silence angoissé.

Le film bascule lorsque Rupert Cadell (James Stewart) qui a été le professeur des deux étudiants fait son apparition à la soirée.

Philip souhaite en effet avoir sa présence pour rendre son acte encore plus glorieux.

On le comprend lorsque Cadell énonce de curieuses théories ou il vise à légaliser le crime pour une certaine élite de la population afin de réguler le nombre d’habitants dans les grandes villes.

La soirée se passe et peu à peu, les invités commencent à s’inquiéter de l’absence de David.

L’expérimenté Cadell décèle avec un flair de policier que quelque chose cloche dans l’attitude des deux étudiants, tout particulièrement Brandon, très irrité par une allusion de Philip à ses capacités d’étrangleur de poulet.

L’absence de David devient tellement préoccupante, que les convives préfèrent partir, à l’exception de Cadell qui découvre le chapeau de David dans la penderie.

 

Avec un ironie cruelle, Philip offre à Mr Dentley la corde qui a servi a tuer son fils pour emporter quelques livres de collection qu'il lui a généreusement offert.

Intrigué, Cadell revient sur place en prétextant l’oubli d’un étui à cigarettes et se retrouve face à face avec ses anciens élèves.


Philip se montre le plus déterminé et se déclare prêt à tuer Cadell à l’aide d’un pistolet caché dans sa poche.

Un dialogue rempli de tension s’engage alors et Cadell finit par comprendre les intentions du jeune homme, qui découvert, choisit alors de nier en posant son arme sur une table du salon.

Fier de lui, Philip annonce à son maitre spirituel qu’il a mis en pratique ses théories inspirées de Dostoïevski et Nietzsche en assassinant un être inférieur, sans intérêt et donc indigne de vivre.

Renvoyé à ses propres responsabilité, Cadell vacille et se dénie assez peu courageusement, en se contredisant largement.

Il estime en effet que le respect de la vie humaine et l’impossibilité de décréter qui est ou n’est pas inférieur, constituent en effet des obstacles infranchissable au passage à l’acte.

La déception est immense pour Philip.

C’est alors Brandon, incapable de supporter plus longtemps la pression qui craque en empoignant l’arme à feu, mais Cadell le désarme assez vite et tire plusieurs coups de feu afin de livrer le duo criminel aux autorités.

En conclusion, construit comme une pièce de théâtre, « La corde » est un très bon film du maitre du suspens, qui peut dans un lieu unique nimbé de haute société pervertie, exercer toute l’étendue de son immense talent.

Le scénario est retors, profondément malsain, avec en suggestion une relation homosexuelle entre les deux criminels, l’un étant le dominant et l’autre le dominé.

Les acteurs sont comme souvent chez le maitre britannique exceptionnels, avec en star incontestée James Stewart, élégant et brillant, qui se rend compte brutalement de l’inanité de ses élucubrations intellectuelles lorsqu’il est confronté à leur réalité.

Mais les seconds rôles sont également bons, avec Granger et Dall, deux acteurs extrêmement séduisants et convaincants, le premier d’entre eux étant redoutable par son charme vicieux.

Sans histoire d‘amour impossible ou scènes d‘action spectaculaires, « La corde » n’est sans doute pas le plus connu des films d’Hitchcock, mais mérite néanmoins le plus grand des respects pour sa réalisation impeccable.

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 15:46

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C’est toujours avec un très vif intérêt que je visionne un film d’Alfred Hitchcok.

Sorti en 1942, « La cinquième colonne » (Saboteur en anglais) film en noir et blanc raconte la traque d’un ouvrier américain du nom de Barry Kane (Robert Cummings) pris à tort pour un saboteur après l’explosion d’une usine de fabrication d’avions de guerre ou il travaillait.

Pourchassé par la police, ce brave Kane va alors s’enfuir et décider de retrouver un ouvrier louche du nom de Frank Fry (Norman Lloyd) qu’il soupçonne d’être le véritable auteur de l’attentat qui a couté la vie à son meilleur ami, brulé vif dans l’incendie qu’il tentait de contenir.

Ayant intercepté par hasard une lettre de Fry, Kane se rend à son domicile dans la banlieue de Los Angeles mais découvre à sa place un riche homme d’âge mur du nom de Tobin (Otto Kruger).

Hautain et en apparence détendu, Tobin nie connaitre Fry jusqu’à ce qu’une lettre de ce dernier soit exhibée par sa petite fille âgée de quelques années.

Dès lors le ton se durcit tout d’un coup et Tobin ne cède pas aux tentatives d’intimidations maladroite de Kane, allant jusqu’à le menacer de le livrer à la police.

Braqué par la gouvernante de Tobin, Kane s’échappe en utilisant l’enfant comme bouclier humain mais est rattrapé par les hommes de main du riche homme d’affaires.

Mais Kane est prêt à vendre chèrement sa peau et s’échappe à nouveau les mains toutefois entravées de menottes.

Sa folle cavale sous une pluie battante trouve refuge chez un vieil aveugle du nome de Robert (Ian Wofe) qui accepte de lui prêter secours.

Malheureusement sa nièce Patrica Martin (Priscilla Lane) se montre moins conciliante et entreprend de livrer Kane aux autorités.

Kane résiste encore, parvient à briser les chaines de ses menottes et finit par convaincre Patricia de l’aider.

Le couple trouve refuge auprès d’un cirque ambulant peuplé de nain, femme à barbe ou obèse qui refusant de se fier aux apparences, les couvre vis-à-vis de la police.

Les recherche de Pat et Barry s’oriente vers la ville abandonnée de Soda city ou ils entrent en contact avec des espions américains à la solde de l’Allemagne nazie.

Tandis que Pat s’échappe, Barry parle à Freeman (Alan Baxter) un des chefs et parvient au culot à se faire passer pour un des terroristes.

La vigilance de Freeman est vaincue par le statut de saboteur et de fuyard de Kane et il accepte de l’amener à l’est des Etats Unis en lieu sur chez une amie la riche Henrietta Sutton (Alma Kruger) qui sous des dehors de soirée mondaine, organise une véritable réunion d’espions.
Sur place, Kane à la désagréable surprise de retrouver Pat, trahie par le sheriff local et surtout le redoutable Tobin, contraint également à fuir depuis la déposition de cette dernière contre lui.

Alors que l’étau mortel semble se resserrer contre le couple, Kane à alors l’idée géniale d’inviter Pat à danser lors du bal, ce qui permet au milieu du public de gagner un peu de temps.

Malheureusement les espions ont le dernier mot : Kane est assommé tandis que Patricia enlevée.

Décidément plein de ressource, Kane parvient à s’enfuir en déclenchant une fausse alarme incendie, et comprend que les espions vont tenter de détruire un nouveau navire de guerre qui s’apprête à sortir en grande pompe des chantier navals.

Sur place, il tente d’alerter la police mais tombant sur Fry en personne, perd toute contenance pour se ruer sur lui.

Après une lutte farouche, Kane parvient à empêcher in extremis l’attentat mais ne peut empêcher la fuite de Fry.

De son coté, la brillante Patricia enfermée dans un gigantesque building trouve un moyen astucieux de communiquer un SOS aux force de l’ordre qui viennent la délivrer.

Elle se lance alors à la poursuite de Fry, qui a pour but de perpétrer également un attentat à la statue de la liberté.

N’écoutant que son courage, elle le prend en filature et va jusqu’à tenter de le retenir au haut de la statue pour permettre à la police d’arriver sur les lieux.

Le stratagème réussit et c’est Kane en personne inquiet pour sa chère et tendre qui poursuit le dangereux espion-anguille.

Le face à face se termine finalement au sommet du bras de la statut, et Fry finit par tomber dans le vide après une pénible tentative de sauvetage de Kane qui prend de gros risques à le soutenir à une altitude aussi élevée.

La mort de Fry semble solder brutalement l’aventure et permettre au couple Kane/Martin de se retrouver enfin pour une vie plus paisible.

En conclusion, assez peu connu, « La cinquième colonne » est un excellent Hitchcock construit sur un thème cher au maitre britannique : le faux coupable que tout accuse.

L’identification avec un acteur aussi beau et sympathique que Cummings est immédiate et le spectateur ne peut que vibrer au rythme des aventures palpitantes du héros pour se dégager du poids terribles des apparences.

Il est à noter que dans sa lutte, Cummings ne reçoit d’aide que de marginaux : un aveugle ou des montres de cirque, seuls sans doute de part leur condition amènes de voir plus loin que les a priori de la société.

Cummings et la pétillante Lane forment donc un couple particulièrement attachant que le spectateur a le plus grand plaisir à suivre dans des aventures haletantes au suspens parfaitement maitrisé.

Mais outre son rythme soutenu et son ambiance paranoïaque peuplée de personnages inquiétants comme le génial salaud Otto Kruger ou ce renard rusé de Norman Lloyd, « La cinquième colonne » accède au statut de grand Hitchcok par sa scène finale, extrêmement spectaculaire puisque se déroulant au sommet de la statut de la liberté !

Pour toutes ces raisons, « La cinquième colonne » est donc un film à voir absolument !

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 08:54

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Réalisé en 1940, « Rebecca » est le premier film américain toujours en noir et blanc d’Alfred Hitchcock.

Le réalisateur montre déjà son gout marqué pour les romans gothiques de Daphné du Maurier, qu’il adaptera trois fois au cinéma avec notamment le fameux « Les oiseaux ».

Comme souvent avec Hitchcock, « Rebecca » commence par une rencontre amoureuse entre un  riche anglais Maxim de Winter (Laurence Olivier) et une jeune femme (Joan Fontaine) accompagnant sa patronne Madame Van Hooper (Florence Bates) lors d’un séjour à Monte-Carlo.

Le cadre luxueux et la beauté de la Cote d’azur contribuent pour beaucoup à un rapprochement entre de Winter qui est un jeune veuf distingué et viril et la belle jeune femme quelque peu déstabilisée par la soudaineté de la situation.

Déterminé et autoritaire, de Winter arrache son amie aux griffes de sa patronne, une insupportable matrone d’âge mur en lui proposant de l’épouser.

Le mariage se fait à vitesse grand V et le couple part s’établir dans un immense manoir appelé Manderley au sud de l’Angleterre.

La nouvelle Madame de Winter doit alors prendre connaissance de ses obligations aristocratiques et surtout gérer l’imposant personnel qui aide à tenir en ordre l’immense demeure.

Peu à l’aise Madame de Winter est très impressionnée par la gouvernante, Madame Danvers (Judith Anderson), une femme sèche et austère à la limite de l’antipathie.

Très vite, l’atmosphère du manoir devient étouffante car on lui rappelle sans cesse le souvenir de Rebecca de Winter, la première femme de Maxim disparue dans un accident de bateau et dont personne n’a oublié le souvenir.

Jack Favell (George Sanders), le cousin de Rebecca surgit également de nulle part et tient des propos particulièrement déroutants qui contribuent au malaise de Madame de Winter.

Assez curieusement, Maxim n’est pas d’un grand secours pour sa femme qui se débat de plus en plus face au fantôme de la disparue.

La situation continue de s’aggraver lorsque Madame de Winter commet bévues sur bévues, en s’habillant comme Rebecca lors d’une soirée mondaine donnée à Manderley, ce qui provoque le courroux de Maxim.

Un tournant s’opère pourtant lorsqu’un plongeur découvre par mégarde le bateau qui a coulé en emportant Rebecca.

Le bateau est alors renfloué pour une expertise policière et o surprise le corps de la véritable Rebecca est retrouvé à bord.
Les Winter sont alors replongés dans une intense crise conjugale avec le retour du souvenir embarrassant de Rebecca.

Maxim fait alors de surprenantes révélations à sa femme sur les circonstances troubles de la mort de Rebecca, notamment l’inhumation d’une inconnue à la place de sa femme, tuée par accident lors d’une crise de jalousie alors qu’elle venait de lui annoncer qu’elle était enceinte d’un autre homme, vraisemblablement son cousin Favel.

Maxim lui révèle qu’il haïssait sa femme, belle froide, riche et dure, qui lui rendait la vie impossible.

Le voile des conventions se déchire alors mais malgré ces aveux lourds, Madame de Winter soutient son mari contre la pression policière qui ayant déterminé que le bateau a été volontairement coulé, se rapproche inexorablement de Maxim.

Favel revient alors sur le devant de la scène et tente de faire chanter Maxim en le menaçant de révéler à la police qu’il a tué Rebecca.

Mais le mari tient bon et parvient en jouant subtilement avec la police à décrédibiliser son accusateur.

En exploitant un interrogatoire de Madame Danvers, la police se rend à Londres chez le Docteur Baker (Leo G Carroll) qui lui révèle qu’elle était atteinte d’un cancer incurable.

On comprend alors que se sachant condamnée, Rebecca a cherché à se faire tuer par son mari.

Tiré en apparence d’affaire, le couple de Winter subit pourtant en retour la colère aveugle de Madame Danvers, liée avec Favel dans sa volonté de punir Maxim pour le meurtre de Rebecca.

Réduite à des résolutions extrêmes, Madame Danvers met le feu à Manderley et meurt dans les flammes dévorante de sa propre folie.

En conclusion, « Rebecca » est un vieux film rendu particulier par son atmosphère gothique.

Hitchcock exploite à merveille son manoir sinistre, l’usage du noir et blanc et les décors brumeux du sud de l'Angleterre pour créer un ambiance de château hanté.

Le récit est comme souvent chez Hitchcock complexe, psychologique avec le thème du double féminin maléfique venant hanter une jeune femme pure, honnête et dévouée.

Laurence Olivier est l’incarnation du parfait (et irritant !) gentleman britannique torturé, Judith Anderson est fantastique en gouvernante inquiétante mais c’est assurément Joan Fontaine, sublime, fraiche et fragile qui crève l’écran.

Du coté plus critique, « Rebecca » souffre d’une durée longue, d’un rythme lent, d’une musique particulièrement niaise et d’une doublage en français souvent sur affecté qui nuit à l’interprétation des acteurs.

Un film complexe et sombre marqué cependant par son époque, qui reste pour moi destiné aux cinéphiles pointus.

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