Coup de théâtre, après avoir mené une carrière solo des plus réussies avec Michael Denner, King Diamond décide au début des années 90 de rappeler le guitariste Hank Sherman pour reformer Mercyful
fate après prêt de dix années de mort clinique et un héritage musical de deux albums cultes laissés à la jeune garde devenue aujourd’hui mature.
Cette reformation inattendue complétée de Timi Hansen à la basse et de Snowy Shaw à la batterie, donne naissance en 1993 à « In the shadows ».
Nous sommes alors en pleine vague grunge et l’idée de produire un album de heavy metal classique dans ce contexte difficile, a pour but de surtout cibler un marché européen historiquement plus
réceptif à ce style si particulier.
Puisant dans ces influences occultes bien connues, « In the shadows » et sa pochette ténébreuse assez infantile, commence avec le très réussi « Egypt » à la structure longue
et complexe, ou les grandes vocalises éthérées du King préludent à des passages plus brutaux.
Le son est bien entendu conforme à son époque plus massif que celui des années 80 et ceci se ressent tout particulièrement sur la frappe surpuissante de Snowy Shaw.
Le coté satanique et inquiétant du groupe ressort sur « The bell witch » , trop alambiqué malgré quelques passages de guitares plus dynamiques à la Iron Maiden.
Mais Mercyful corrige le tir avec « The old oak » qui même si il laisse finalement la part belle aux guitaristes et aux multiples cassures rythmiques, fait forte impression avec un coté
plus compact et rentre dedans.
Puis l’un des bijoux du disque survient avec « Shadows » merveille mélodique ou King Diamond se transcende sur de splendides lignes vocales posées sur des riffs solidement charpentés.
Pourtant, « A gruseome time » encore plus théâtral et marqué dans ses excès vocaux et guitaristiques, réussit le tour de force de surpasser « Shadows ».
Diamond se fait ici chaleureusement rassurant puis plus menaçant sur des incroyables envolées de guitares signées Denner.
Médusé, on fait fi de sa raison pour se fier à ses sens et poursuivre cet invraisemblable voyage vers l’au delà par le très robuste « Thirteen invitations » non sans que l’infernale
créature ne parvienne encore à glisser un aérien passage mélodique dans une foret de riffs et de solo enchevêtrés.
Comme pour achever de nous déboussoler, les démons semblent nous promettre une recette reproductible à l’infini, ainsi un « Room of golden air » instrumental de grande classe lance
« Legend of the headless rider » dont le chant étincelant du Maître Chanteur contraste avec la rythmique ultra massive du tank Sherman.
Mercyful fate donne neuf ans après une suite à « Melissa » avec « Is that you, Melissa » reprise infiniment supérieure à l’originale avec ses mélodies et ses vocalises
surhumaines.
On en termine enfin avec « Return of the vampire …1993 » morceau assez moyen réenregistré avec le batteur de Metallica, Lars Ulrich fan de la première heure de ses
compatriotes danois.
En conclusion, alors qu’on aurait pu craindre une mascarade et un retour pitoyable d’anciennes gloires des années 80, « In the shadows » profitant d’une production modernisée mettant en
avant la qualité de sa musique, réussit le quasi miracle de surpasser ses pourtant glorieux ancêtres.
On a beau chercher la petite bête, essayer de trouver des faiblesse imaginaires, l’exercice s’avère au final impossible tant le produit est d’un niveau hors du commun.
Sherman et Denner montrent qu’ils n’ont rien perdu de leurs incroyables capacités de composition et la musique produite s’avère particulièrement riche et foisonnante.
Mais « In the shadows » est avant tout rendu exceptionnel par la prestation de King Diamond, qui maîtrisant mieux son chant versatile parfois si irritant, s’insère ici de manière
formidable dans cet ensemble complexe.
Si vous aimez les riffs puissants, les longs solos étincelant de guitares héros, les changement d’ambiances et les atmosphères épiques, « In the shadows » comblera assurément toutes vos
attentes tant il se révèle dans son genre, insurpassable.