En 1997, deux années seulement après le très prometteur « Herzeleid », les berlinois de Rammstein récidivent avec « Sehnsucht » qu’on pourrait considérer comme leur meilleur album, dans le plus pur style metal-industriel.
En seulement deux années, Rammstein s’est déjà fait un nom sur la scène rock, bousculant les barons du domaine pour l’essentiel américains et anglais, par son style puissant et novateur.
Le soutien d’un réalisateur aussi renommé que David Lynch n’est bien sur pas étranger, mais plus surement encore en sont à l'origine les incroyables prestations scéniques du groupe avec de fortes débauches de pyrotechnie et d’embrasement des musiciens.
C’est fort de cette réputation que « Sehnsucht » s’ouvre en réaffirmant la marque de fabrique du groupe, riffs rouleau compresseur, bruitages électro rythmés presque dansants ici quasi orientaux et surtout chant allemand viril et ultra dominateur.
Après cette introduction majeure, on monte encore de plusieurs crans avec « Engel » qui mélange chant guttural et voix féminines plus douces avec un gimmick sifflé particulièrement génial.
Encore une fois, le groupe frappe fort dans ses vidéo avec de fortes influences à « Une nuit en enfer » de Quentin Tarentino et une métisse sexy jouant avec alcool et serpent devant un auditoire masculin médusé.
La puissance brute de la machine à broyer frappe fort avec « Tier » qui assomme sous la lourdeur écrasante de ses riffs et ses refrains en titane.
Le groupe se fait plus vicieux et sensuel « Bestrafe mich » sur fond de plaisir sadomasochiste trouble et atteint le sommet de son art avec « Du hast » parfaite synthèse de l’intensité et de la puissance dégagée par la musique des allemands avec un toujours une vidéo d’une force dramatique inouïe évoquant un règlement de compte entre gangsters.
A ce stade l’auditeur déjà comblé se prend en pleine face le crade « Buck dich » qui passe à la vitesse d’un train express sur le corps de l’auditeur, puis défaille complètement à l’écoute de « Spiel mit mir » à l’irrésistible charme lent et vénéneux.
Malgré la qualité de ses mélodies, « Klavier » passe plus mal en raison de la lourdeur trop statique de ses refrains et alors que l’auditeur glisse en douceur avec « Alter mann » agréable mais sans génie, le terrible « Eifersucht » et ses rythmiques d’enfer viennent le tirer brutalement de sa torpeur.
On termine sur un nouveau titre moins cinglant, « Kuss mich » surtout notable en raison de ses bruitages étranges.
En conclusion, malgré une fin plus faible, « Sehnsucht » est bel et bien le chef d’œuvre annoncé et peut fièrement trôner aux cotés de son successeur « Mutter » au panthéon des meilleurs disques de metal industriel de tous les temps.
Le cuirassé Rammstein progresse encore dans tous les aspects de sa musique, atteignant son absolu en terme de lourdeur des riffs, des mélodies enivrantes de claviers et dans le chant quasi surnaturel de Lindemann véritable fer de lance de la formation germanique.
Violent, trouble, dérangeant mais aussi parfaitement hypnotisant, « Sehnsucht » ne peut pas laisser indifférent un fan de metal et aura une influence notable sur tous les groupes de l’époque y compris Judas priest et son « Demolition » au son de guitare similaire.
La qualité intrinsèque de cet album coup de poing et le fort pouvoir visuel de Rammstein s’exprimant aussi bien par les vidéo qu'au cours de concerts exceptionnellement spectaculaires, feront des allemands des stars commerciales dans lignée de Marylin Manson, avec en prime un statut de pionniers du métal indus barré comme Nine inch nails ou Ministry.
A l’écoute de « Sehnsucht », on ne peut trouver ce succès que mérité.