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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 21:29

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Nous abordons à présent la quatrième et dernière partie de « The civil war » décomposée en trois parties de durées sensiblement égales.

Dans la première d’entre elles, « 1864, terre sanctifiée », après une dernière contre attaque sudiste osée du général Early qui tente de prendre sans succès Washington et un hommage appuyé au lieutenant général Nathan Bedford Forrest, expert en charges de cavalerie tonitruantes et accessoirement fondateur du Klux Klux Klan, la situation s’enlise toujours autour des sièges de Petersburg et Atlanta.

A Petersburg, le général Burnside se couvre de ridicule en tentant de dynamiter les galeries sudistes, mais son initiative se solde par le massacre de ses hommes dans un cratère géant et son limogeage.

A Atlanta, Sherman se voit opposer un autre adversaire, le belliqueux Hood en lieu et place du stratège Johnston dont les atermoiements ont fini par irriter le président Davis.

La bataille est terrible et Sherman finit en déployant courage et pugnacité par prendre la ville, ce qui permet à Abraham Lincoln d’être réélu président des Etats-Unis en battant son ancien général Mc Clellan.

La guerre amène son lot inévitable d’histoires d’espionnage, d’hommes d’affaires peu scrupuleux vendant n’importe quel matériel aux armées des deux camps, mais plus grave encore de brutes sanguinaires comme Bill Anderson (patron du bandit Jesse James), qui utilisent le chaos du conflit pour donner libre court à leurs pulsions psychopathiques.

Le summum de l’horreur est toutefois atteint dans le camps de concentration de Andersonville (Géorgie) ou des milliers de prisonniers nordistes croupissent dans des conditions de vie proches de ceux des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Après des images particulièrement choquantes de squelettes humains, cette partie se solde par l’émouvant défilement de portraits de jeunes et vigoureux officiers morts au combat et par l’annonce du choix par un général nordiste de la propriété du général Lee à Arlington pour créer un nouveau cimetière nordiste.

Dans « 1865, la guerre c’est l’enfer » un regain de violence est observé avec la poussée victorieuse de Sherman vers la mer qui prend la ville de Savannah après avoir ravagé toutes les villes, champs et voies ferrées sur son passage puis se tournant vers la Caroline du Sud en réussissant par des prouesses de génie civil à franchir des marais réputés infranchissables.

Véritable ange vengeur, Sherman punit la ville de Charleston, bastion de la rébellion sudiste, puis menace Richmond, qui a du se résoudre à enrôler des noirs pour tenter de gonfler les rangs de son armée.

Lincoln fait voter un amendement célèbre prononçant l’abolition de l’esclavage et veille à garder à l’esprit une politique de respect et de possible conciliation avec le camps ennemi, tandis qu’un obscur acteur du nom de John Wilkes Booth, prépare avec obstination un complot visant  à l’assassiner.

Le grand choc de la guerre entre Lee et Grant a finalement lieu et Grant finit par affaiblir progressivement son adversaire en jouant sur ses ressources en hommes nettement supérieures.

Grant conquiert Petersburg après une résistance farouche du camps adverse composé parfois de soldats adolescents ou vieillards.

Sous la pression de Grant et Sherman, Richmond tombe et reçoit la visite de Lincoln, accueilli en héros par les noirs fraichement émancipés.

Traqué par Grant vers l’Ouest, Lee fuit et finit malgré une résistance farouche à se résoudre à capituler devant son rival.

Le reddition de Lee a lieu dans la petite ville de Appomattox et scelle la fin de la résistance du Sud, même si son président Jefferson Davis tentera encore de fuir vers l’Ouest avant d’être finalement capturé et emprisonné en 1865.

« 1865, les meilleurs anges de notre nature » la dernière partie de cette saga arrive enfin avec le temps des bilans dressés par les historiens, avec l’unité retrouvé autour de la Nation, la difficile émancipation des Noirs, certes libres mais très pauvres, et ayant les plus grandes difficultés à faire valoir leurs droits.

Lincoln ne peut jouir longtemps de son triomphe, et est malheureusement assassiné dans un théâtre de Philadelphie par Booth, qui sera tué en cavale et dont les complices seront pendus.

La mort de l’humaniste Lincoln est un drame terrible pour la nation américaine.

Avec le temps, les soldats rescapés des grandes batailles deviennent des symboles vivants et relatent avec plaisir leurs hauts faits d’armes.

Refusant toute compromission et carrière politique, Sherman continue de vivre en soldat en combattant les indiens et reçoit un bel hommage posthume de son adversaire Johnston qui décèdera peu après, Pickett hanté par le poids de son terrible échec à Gettysburg sombre dans la dépression, Lee contrairement à Davis réfractaire jusqu’à sa mort, rejoint l’unité nationale mais le destin le plus émouvant est celui de Grant, élu président des Etats Unis, mais replongeant dans ses terribles échec personnels, avec une gestion calamiteuse de ses finances.

Ruiné et se sachant condamné par un cancer de la gorge, Grant décide de se retirer pour écrire ses mémoires et ainsi assurer la fortune de sa famille avant sa mort.

En conclusion, la quatrième partie de « The civil war » ne dépareille pas face aux trois autres.

Les batailles sont certes un peu moins dramatiques que lors des épisodes précédents, mais comment ignorer le destin hors du commun des généraux et politiciens de l’époque, hommes d’exception engendrés par des conditions historiques exceptionnelles ?

Difficile de ne pas penser à un prélude de la Première guerre mondiale, avec les tranchées, artilleries, charges sanglantes sous les balles et plus étonnant encore … camps de concentration ou des résidus d’humains ont expiré lentement dans des conditions proches de l’enfer.

Difficile aussi de ne pas être ému aux larmes par certains témoignages ….

Alliant la grandeur de cette épopée sanglante surnaturelle (qui fit 620 000 morts) et donna lieu à des faits d’armes surhumains et douleur intime simples particuliers pris dans la tourmente, « The civil war » reste un documentaire particulièrement fascinant, et permet aux passionnés (comme moi) de se régaler durant les 11h de films d’archives permettant de mieux percevoir la puissance émotionnelle pure de ce conflit.

Un chef d’œuvre à l’état pur pour votre serviteur donc.

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 18:27

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Sans doute sont ce les lectures de Mark Twain, mais l’évocation des Etats Unis au XIX ième siècle, m’a redonné envie de m’attaquer à la troisième partie de  l’immense monument de « The civil war » du  Ken Burns, célèbre série historique consacrée à la Guerre de Sécession américaine.

Les intervenants de cette troisième partie sont sensiblement les mêmes,
les historiens Shelby Foote, Ed Bearss et Barbara Field dont les analyses complètent les témoignages écrits des soldats de l’époque (le nordiste Elijah Hunt Rodes et le sudiste Samuel Watkins) mais aussi des descendants des protagonistes de l’époque comme la petite fille de Alex Turner, un ancien esclave noir du Sud devenu soldat pour l’Union.

Le premier Dvd intitulé sobrement « 1863, les Batailles » attaque fort par la mythique bataille de Gettysburg (Pennsylvanie) ou s’affrontent pendant trois jours les Confédérés (72000 hommes) dirigés par Robert Lee et les forces de l’Union enemnés, 94 000 hommes par George Gordon Meade.

La lutte d’une intensité inouïe, a pour cadre les collines de la ville prises d’assauts ou âprement défendus alternativement par les deux camps.

Entre canonnades sévères pour déstabiliser les lignes adverses, défenses héroïques du colonel Chamberlain et charge massive quasi suicidaire des confédérés emmenés par Pickett, la balance finit par être défavorable à Lee, qui privé de ses brillants cavaliers Jackson et Stuart (partiellement) perd un nombre plus important d’homme que son adversaire, ce qui le contraint à la retraite.

Avec ses 51 000 hommes blessés ou morts, la bataille de Gettysburg, sommet de violence militaire et synonyme de Verdun américain est le tournant de la guerre, car elle stoppe net les velléités de Lee pour frapper le Nord des Etats-Unis et va ensuite conduire l’armée des Confédérés à une stratégie de repli pour défendre ses propres villes.

En effet dans le même temps, le général Grant épaulé par Sherman parvient après un siège acharné de 48 jours à faire chuter la forteresse navale de Vicksburg et donne à l’Union le contrôle hautement stratégique du fleuve Mississippi.

Le reportage s’attarde sur les témoignages poignants de civils, comme les infirmières militaires témoins de l’horrible situations des blessés de guerre mais relate aussi les émeutes ultra violentes de la communauté irlandaise new yorkaise contre la population noire, à l’annonce de la conscription obligatoire.

A partir de 1863, les noirs sont admis pour incorporer l’armée de l’Union et viennent ainsi creuser davantage le rapport démographique disproportionné entre Nord et Sud.

En Septembre, les Confédérés de Bragg et Longstreet bloquent les Nordistes à Chickamauga (Tenessee) mais sont ensuite vaincu par Grant à Chattanooga deux mois après qui accentue une poussée qui semble inexorable.

La première partie se clôt par le discours de Lincoln pour rendre hommage aux sacrifices des soldats nordistes à Gettysburg.
Dans la seconde partie intitulée « 1964, la vallée de l’ombre et de la mort », les combats se rapprochent des centres de décisions politiques et militaires sudistes, Richmond et Atlanta.

On comprend que les deux meilleurs généraux des deux camps, Grant et Lee vont devoir à un moment ou un autre livrer un combat décisif pour l’issue de la guerre.

C’est pourquoi Burns s’attarde longuement sur les parcours et personnalités des deux héros de la guerre.

Issu d’un milieu assez modeste (père tanneur), Grant bien qu’ayant fait Wespoint, s’est surtout illustré par une parcours médiocre, avec un départ de l’armée après le conflit contre le Mexique, une carrière catastrophique dans le mondes affaire ou il côtoie la misère.

Homme simple, modeste et parfois fragile avec notamment un penchant occasionnel pour la boisson, Grant se révèlera pourtant dans le conflit comme un général exceptionnel, doté d’un grand courage, d’une intense capacité de concentration et surtout d’une grande clairvoyance dans les moments les plus critiques.

De son coté, Lee est issu d’une riche famille du sud des Etats Unis proche du pouvoir politique.

Excellent élève à Wespoint, le froid et austère Lee reste fidèle au moment de la guerre à son état natal et se révèle un génie militaire, capable par ses manœuvres audacieuses de triompher d’adversaires plus nombreux.

Grant prend la décision de l’offensive et avance inexorablement à l’intérieur du sud, en s’appuyant sur Sherman, Siegel, Buttler, Meade pour lancer des attaques simultanées contre son rival.

Malgré le sabotage des ponts et des tunnels ne parviennent pas à le retarder et de lourdes pertes lors de la bataille de la foret de la Wilderness en flammes à cause des combats, Grant ne recule pas, enchainant les assauts d’une grande violence contre son rival afin de le rendre rapidement à cours d’hommes et matériels.

A Cold Harbor, Grant commet une erreur stratégique qui lui fait perdre 7000 hommes lancés pour prendre des positions fortifiées de Lee.

Malgré les critiques contre sa stratégie offensive, Grant continue de pourchasser Lee autour de Richmond puis Petersburg, ou les deux armées s’enterrent dans une longue guerre de positions avec creusement de tranchées et canonnades particulièrement meurtrières durant lesquels Chamberlain est griévement bléssé.

Une nouvelle fois, Burns s’attardent sur les témoignages recueillis dans les hôpitaux militaires, notamment celui du poète Walt Whitman, qui essaya de réconforter les malades et mourants par ses talents oratoires.

Devant l’impasse entre Grant et Lee, l’attention se tourne vers le général Sherman, homme de terrain énergique voir autoritaire, animé d’une farouche détermination.

Sa mission de prendre Atlanta le force à affronter le général sudiste Johnston sur fond d’élections durant lesquelles Lincoln va tenter sans grand espoir de se faire réélire.

De manière similaire au duel Grant-Lee, Sherman ayant accusé de fortes pertes et incapable de prendre un avantage décisif sur son adversaire, est contraint de s’arreter aux portes d’Atlanta.

En conclusion, le cap est toujours fermement gardé dans ce troisième volume de « The civil war » dont la partie la plus interessante est contenue dans la bataille devenue légendaire de Gettysburg.

Les quelques photos du champs de bataille parlent d’elles-meme, montrant sans fard, les cadavres des hommes, des chevaux mais aussi parfois leurs squelettes.

Sans doute plus insupportable encore sont les visages inquiets ou résignés des bléssés, atrocement mutilés mais traités dans les hôpitaux ou se dévouent des médecins et infirmières habitées d’une mission les dépassant.

Outre les brillants faits d’armes et l’irréalité de la violence des combats avec parfois plusieurs milliers d’hommes fauchés en quelques minutes, le récit se montre également captivant par l’analyse croisées des personnalités militaires du conflit, notamment Ulysse Grant, superbe looser de la vie civile se révélant finalement le meilleur atout de Lincoln dans sa lutte face au quasi invincible Lee.

On quitte donc ce troisième volet en se disant que le conflit a semble t il définitivement basculé, et se dirige au prix encore de nombreuses morts, vers son dénoument.

Difficile en revanche de ne pas s’aplatir devant de tels morceaux d’histoire.

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 13:27

4   civil war

 

Voici après une courte interruption la suite de « The civil war » de  Ken Burns, célèbre série historique consacrée à la Guerre de Sécession américaine.

Le deuxième Dvd se compose de deux parties d’une durée sensiblement égale ou interviennent les mêmes commentateurs que lors du premier notamment les historiens Shelby Foote et Barbara Field dont les analyses complètent les témoignages écrits des époques (notamment le  soldat nordiste Elijah Hunt Rodes et le soldat sudiste Samuel Watkins).

 La première partie intitulée « Libres à jamais » traite de l’année 1862, marquée surtout par les revers militaires de l’armée de l’Union emmenée par le général Mc Clellan, qui limité par son caractère orgueilleux et attentiste, ne peut exploiter sa supériorité numérique, logistique et est à chaque fois défait par les généraux Confédérés.

Du coté sudiste, on assiste à l’émergence du général Lee, redoutable tacticien capable de briser les schéma traditionnels de la guerre pour provoquer une guerre de mouvements et d’audace, suceptible de prendre de cours ses ennemis engoncés dans des plans trop prévisibles.

Lee est formidablement appuyé par son bras droit, le général Stonewall Jackson, lui aussi adepte des mouvements rapides, instinctifs et dont le caractère pieux s’accommode assez mal d’une certaine insensibilité au sort des hommes.

Ce duo d’hommes forts et déterminé est complété par le général James Ewell Stuart ou le lieutenant général Nathan Beford Forrest, dont la maitrise de la cavalerie, causera d’important dommages humains et matériels au sein des troupes ennemis.

Bien que bénéficiant d'une incroyable supériorité numérique, Mc Clellan échoue devant Richmond, que Lee dégage après une succession d’engagements habiles et audacieux.

Exaspéré, Abraham Lincoln le limoge et nomme ensuite le peu fiable John Pope qui essuiera de telles pertes à la seconde bataille de Bull Run qu’il sera remplacé à nouveau par Mc Clellan.

Enhardi par ses succès, Lee prend l’initiative et porte la guerre sur le territoire nordiste.

A Sharsburg (Washington) près de la rivière Antietam a lieu l’une des plus meurtrières batailles du conflit avec 23 000 morts en une journée.

Devant la lourdeur des pertes, Lee est contraint à la retraite mais  Mc Clellan se montre incapable d’exploiter cet avantage.

Cette année se termine par la promulgation par Lincoln de l’abolition de l’esclavage mais dont l’application passe par une victoire militaire décisive qu’aucun de ses généraux n’est en mesure de lui apporter.

Cette annonce a un effet terriblement puissant sur les esclaves qui entrevoyant l’espoir de la liberté, sont de plus en plus nombreux à quitter leurs maitres sudistes pour s’enrôler dans l’armée de l’Union.    

La seconde partie intitulée « Un meurtre tout simplement » traite majoritairement de l’année 1863 en relatant les difficiles conditions de vie des soldats au front avec une nourriture immonde à base de viande, de riz, haricots et de gâteaux secs remplis d’asticots et de grandes quantités de café, tabac consommées pour tenir le coup.

Bien entendu l’alcool bien que réprouvé par les officiers est largement consommé au sein des rangs des deux camps.

Mais le plus problématique reste les nombreuses maladies inhérentes au froid, au manque d’hygiène et à la promiscuité, qui seront responsables d’un grand nombre de décès.

Sur le plan militaire, le général nordiste Grant pilonne avec acharnement la forteresse de Vicksburg mais Burnside, le successeur de Mc Clellan une nouvelle fois limogé pour son attentisme,  est battu par Lee et ses troupes lors de la terrible bataille de Fredericksburg (Virginie) qui couta la vie à 13 000 de ses hommes.

Son successeur l’arrogant Joseph Hooker subira la même humiliation à Chancellorsville même si cette victoire coutera la vie à l’impétueux Jackson, considéré comme un héros de la guerre.

On termine cette deuxième partie en laissant un camp nordiste en difficulté après avoir pris une mesure impopulaire et subi les récents revers militaires de ses généraux, même si le camp sudiste commence déjà à souffrir économiquement de l’effort de guerre et de l’arrêt de ses exportations de coton.

En conclusion, dans « The civil war, dvd 2 » , le documentaire de Burns se montre toujours aussi passionnant avec une lecture à plusieurs niveaux du conflit, tout d’abord haute avec les décisions des politiciens et des généraux, et une autre consacrée aux hommes de terrains : sous officiers, infirmiers, simples soldats voir esclaves dont les témoignages terriblement réalistes donnent une vision poignante des batailles ou la stratégie dominante de l’époque consistait en des successions de charges héroïques couteuses en hommes pour prendre des positions solidement défendues par les fusils ennemis.

Dans ce conflit, les Sudistes paraissent moins nombreux, moins bien équipés et nourris que leurs adversaires mais compensent cette infériorité par la qualité exceptionnelle de leurs généraux et leur farouche détermination à défendre leurs terres.

Plus puissant mais moins bien commandé, le camp nordiste se caractérise par les prises de positions audacieuses de son président en faveur des esclaves, positions qu’il peine pour l’instant à affirmer faute de victoires militaire.

Autour de batailles d’une violence inouïe ou les hommes sont fauchés comme des épis de blé, le conflit semble donc s’équilibrer avec une issue bien incertaine ... 

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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 14:48

civil war4

 

 

Il était logique après avoir dévoré l’ouvrage de John Keegan que je me penche sur son pendant documentaire avec le monstrueux pavé appelé « The civil war » du cinéaste Ken Burns.

Ce documentaire de plus de onze heures diffusé en 2008 sur Arte est un prodigieux travail d’historien pour reconstituer le conflit de la guerre de Sécession qui ensanglanta les Etats Unis d’Amérique de 1861 à 1865.

Pour rendre l’ingestion plus commode, je vous propose donc de tronçonner le visionnage du film en quatre Dvd de trois heures environ chacun.

Le premier d’entre eux se compose de deux parties, la première appelée « La cause » et la seconde « L’impasse sanglante ».

Dans « La cause », Burns revient sur les évènements ayant menés à l’affrontement militaire.

Il est ainsi question de la forte montée en puissance des mouvements abolitionnistes au Nord des Etats-Unis en cohérence avec les idées progressistes alors en vigueur en Europe.

Ces mouvements se matérialisent par l’élection d’Abraham Lincoln, élu président avec 40% des voix qui est un fervent partisan de l’abolition de l’esclavage.

Bien entendu, le Sud qui tire l’essentiel de sa richesse de l’exploitation des champs de coton dans lesquels travaillent des esclaves pour les grands propriétaires, se rebiffe sous l’impulsion du sénateur Jefferson Davis.

Entre les deux camps la tension monte rapidement, ce qui aboutit à la Sécession des Etats du Sud puis au premier acte d’agression de Fort Sumter (Charleston), fort nordiste pris d’assaut qui malgré le coté purement symbolique de l’attaque, déclenche la mobilisation générale des états de l’Union.

Ken Burns donne la parole aux historiens contemporains (Shelby Foote, Barbara Fields) qui prodiguent leurs analyses précises mais de manière plus touchante aux acteurs de l’époque  à travers des manuscrits historiques.

Ainsi on comprend par les témoignages d’esclaves affranchis comme Frederick Douglas la dureté des conditions de vie des esclaves et la difficulté pour les Noirs même affranchis de trouver leur place dans l’armée nordiste.

Le journal de Mary Chesnut femme d’un sénateur sudiste surprend par la largesse et la modernité de ses vues à contre courant du camp de son mari.

On assiste à une exposition rapide des principaux acteurs politiques et militaires de l’époque comme Abraham Lincoln à l‘intelligence supérieur, Ulysse Grant (inapte à la vie civile), William Sherman (à tendance dépressive) Nathan Bedford Forrest (cavalier émérite et guerrier jusqu‘au boutiste), Samuel Jefferson (peu commode), Lee (brillant mais trop succinctement évoqué), mais également de simples soldats du rang comme le sudiste Sam Watkins ou nordiste Elijah Hunt Rodes dont les récits intimes dépouillés de tout artifice de communication demeurent parmi les témoignages les plus émouvants du conflit.

Même si le Nord est beaucoup plus riche et quatre fois plus peuplée que le Sud, ce dernier se bat avec courage, profitant des nombreuses erreurs de commandements réalisés dans le camps adverse notamment lors de la terrible bataille de Bull Run (Manassas) ou Stonewall Jackson et Beauregard défont les troupes du vieillissant Mc Dowell qui sera après coups remplacé par le très médiatique général Mc Clellan.

Les photos d’amputations permettent de prendre conscience des dégâts sur le corps humain provoqués par la puissance de feu des fusils.

Expert en formation et logistique, Mc Clellan qui a beaucoup étudié les armées européennes, instaure une stratégie complexe de prise en tenaille du bloc Sudiste afin de l’asphyxier, qui s’avérera inefficace en raison d’un manque tempérament.

Au final, la première partie s’achève par une lettre poétique particulièrement émouvante d’un major nordiste Sullivan Balou, adressé à sa femme en guise d’adieux.

Légèrement plus courte, la seconde partie centrée sur l’année 1862, montre la montée en puissance des conflits de plus en plus intenses ou il n’est pas rare de voir 30% des effectifs engagés décimés.

Les correspondances entre Lincoln et Mc Clellan montrent l’exaspération croissante du président face à l’attentiste de son général en chef des armées, paralysé par un sentiment de peur face au nombre de ses ennemis.

Un zoom plaisant est réalisé sur les innovations dans le domaine naval comme l’apparition des premiers cuirassés (le Merrimack Sudiste et le Molitor nordiste à tourelle tournante) qui envoyèrent aux oubliettes les navires militaires traditionnels.

Du coté fluvial, face à l’attentisme de Mc Clellan, Grant remporte ses premiers succès au Kentucky en impressionnant par son calme et sa détermination.

Le point culminant de l’affrontement est Shiloh (Pittsburgh Landing), choc effroyable qui surpasse en horreur le pourtant déjà horrible Manassas.

Après un premier choc favorable aux sudistes, les renforts nordistes arrivent et permettent à Grant et Sherman de prendre le dessus sur Beauregard et Johnston qui est tué au combat.

Même si la victoire douloureuse de Shiloh laisse des traces dans les deux camps, le Sud commence déjà à avoir du mal à soutenir l’effort de guerre en moyens humains et matériels.


En conclusion, très dense, « The civil war, dvd 1 » permet de mieux comprendre le déroulement de ce conflit d’une envergure exceptionnelle.

Si la première partie consacrée à l’exposition de la situation met du temps à démarrer, on est rapidement happé par la puissance des témoignages écrits retrouvés par Burns et encore plus par les photos d’époque qui permettent de mettre des visages humains sur l’horreur des conflits.

Les innovations technologiques : amélioration de la puissance de l’artillerie, des fusils, emploi de mines et de cuirassés expliquent le nombre élevé des victimes broyées lors des assauts par des tempêtes de feu et d’aciers.

Trop orgueilleux, Mc Clellan par ailleurs brillant théoricien, se montre incapable de mener à bien la stratégie de Lincoln par manque de contrôle de soi et de clairvoyance, qualités qui seront l’apanage de son rival le plus modeste Grant, homme de terrain au courage indomptable.

« The civil war, dvd 1 »  laisse donc en attente, devant une offensive nordiste puissante mais indécise en raison des qualités de ses opposants notamment le général Lee défenseur de la ville de Richmond.

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