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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 09:49

Tout a sans doute déjà été dit sur la mirifique carrière de Robert Plant aussi bien avec la légende Led Zeppelin qu’avec sa carrière solo à partir des années 80 avec une dizaine d’albums de qualité produits à un rythme mesuré.

En 2003, le grand blond, après dix ans de stand by, décide de sortir un copieux double best of intitulé « Sixty six to Timbuktu ».

Comme le montre la pochette avec une claire référence au voyage vers des pays lointains désertiques et ensoleillés, la musique métissée de Plant en solo est clairement une porte ouverte sur le monde.

Le plaisir est rapidement au rendez vous sur « Tie dye on the highway » morceau riche et varié alternant belles envolées vocales et solides passages guitares+harmonica.

Les synthétiseurs et le sons de batteries électroniques, très en vogue dans les années 80, marquent inévitablement la musique de Plant et « Upside down » est clairement plombé par ces vestiges d’un autre temps.

On préférera forcément « Promised land » son rythme hypnotique, lancinant et habité ou « Dirt in a hole » plus lourd et mystérieux tout en déplorant le son des eighties entachant le rock ‘n’ roll « Tall cool one ».

La diva blonde se vautre langoureusement sur « Calling to you » un brin longuet et fadasse, « 29 Palms » en revanche, ballade gracieuse et inspirée charmant les pavillons auditifs.

C’est effectivement dans le registre plus feutré des ballades intimistes que Plant semble prendre plaisir à s’exprimer comme le montrent « If I were a carpenter » puis l’atrocement mielleux « Sea of love » et leurs orchestrations classiques pesantes.

Passablement rebuté, l’auditeur continue son exploration musicale à la vitesse d’une péniche en croisière sur une rivière du plat pays, reconnaissant le charme émotionnel inégalable de la voix de Plant sur « Darkness, darkness », le groove relax de « Big log » idéal pour un séminaire de yoga ou « Ship of fools » beaucoup trop linéaire et duveteux à mon gout.

On aborde ensuite la dernière ligne droite qui continue sa promenade de santé dans le jardin d’une maison de retraite ou d’un hôpital avec « I believe » gentil gratouillage sous tranquillisants, « Little by little » très feutré et bluesy, « Heaven knows » aux chœurs féminins timides à souhait, avant un « Song to the siren » soporifique concluant ce premier disque particulièrement mou, linéaire et ennuyeux passé sa première partie.

Difficile donc d’aborder le second disque encore plus volumineux en toute confiance mais pourtant l’ultra bluesy de « You’d better run » vient redonner quelques espoirs, avant que l’anglais ne se mue en hallucinant crooner des fifties sur « Our song » avec un résultat tellement surprenant qu’il en devient intéressant.

Impossible d’éviter l’hommage à Jimi Hendrix avec « Hey Joe » superbe même en version démo dans la bouche d’un chanteur de ce calibre tout comme « For what it’s worth » impressionnant également dans le registre du blues-rock enfiévré.

Plant semble à vrai dire incapable de se détacher de ses origines, ce satané blues noir américain et s’y plonge à foison sur « Operator » qui semble toutefois appartenir à un autre temps.

Le hard rock zeppelinien reprend fugacement ses droits avec « Road to the sun » avant une nouvelle vieillerie rythm ’n’ blues assommante « Philadelphia baby ».

L’auditeur doit encaisser à présent des relents de claviers 80’s nauséabonds sur « Red for danger » tout droit échappé du Top 50, puis le rock vintage des 50’s pas forcément désagréable de « Let’s have party ».

Nouveau glissement vers les ballades mystiques avec « Hey Jayne » pour se réveiller au son du rock ‘n’ roll explosif de « Louie, louie ».

Le court interlude « Naked if I want to » lance le blues dépouillé et longuet « 21 years » enchainé d’une surf ballade incroyablement amorphe « If It’s really got to be this way ».

On déroule sur le même rythme narcoleptique « Rude world » au gout rance de gueule de bois et « Little hands » petite berceuse pour enfant.

Il faut attendre le très réussi « Life begin again » pour trouver les premières influences arabes permettant de rehausser la musique de Plant d’ingrédients mystérieux et intrigants.

Pour terminer (enfin) ce marathon musical, le 100% rock ‘n’ roll « Let the boogie woogie roll » et le live « Win my train fare home » planant acoustique une nouvelle teinté d’orientalisme mystique.

En conclusion, écouter d‘une traite à l‘autre « Sixty six to Timbuktu » est pour votre serviteur une épreuve quasi aussi insurmontable qu’une traversée du désert sans outre d’eau à proximité ou sans oasis à l’horizon.

Si on fait abstraction des quelques errements (bien compréhensibles) pour coller au son « branché » des années 80, la musique de Robert Plant est certes incroyablement variée, riche et souvent intéressante mais contient à mon sens beaucoup de références au rythm’n’ blues et rock ‘n’ roll, qui restent les premiers amours de la star mais qui n’apportent au final pas grand-chose si ce n’est le plaisir personnel de l’artiste.

Sortie de ses pesantes influences dont Plant peine parfois à se démarquer, reconnaissons que les longues ballades duveteuses ne sont pas la plupart du temps palpitantes et finissent plus par lasser/irriter qu’apporter la plénitude de l’âme attendue.

Autre déception de taille, le métissage musical attendu notamment avec les cultures orientales voir asiatiques si chères au chanteur n’apparaissent qu’en pointillés, ce qui enlève pour moi une composante essentielle de l’attrait de sa musique.

La réussite d’un quart de titres sur les 35 proposés, ne suffit donc pas malgré la voix toujours envoutante de la légende du (hard) rock et la pertinence de la démarche, à susciter un intérêt et un plaisir prolongé.

Dommage, car Robert Plant reste assurément l’un des artistes rock les plus intéressants de l’histoire et mérite le respect.

Sixty six to Timbuktu (Robert Plant)
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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 10:50

Faisons fi des incursions un tantinet branchouilles et aseptisées de la musique électro-rock de Garbage pour nous recentrer sur l’authenticité supposée d’un Robert Plant, qui depuis le début des années 80, poursuit avec bonheur une carrière solo dans le folk-rock ethnique à tendance world music.

Nous sommes cette fois en 1990 et le beau Robert à la crinière de lion sort son cinquième album solo au titre prometteur « Manic Nirvana ».

Son équipe est ici composée de Doug Boyle (guitares), Charlie Jones (basse), Chris Blackwell (batterie) et Phil Johnstone (claviers).

« Manic Nirvana » débute de manière très enthousiasmante avec « Hurting kind (I’ve got my eyes on you) » parfaite entrée en matière rapide et nerveuse avec des refrains étincelants.

Le leader propose ensuite avec « Big love » un titre plus lourd et pataud puis « SSSS & Q » un rock rythmé mais sonnant affreusement daté avec ses bruitages de claviers largement dépassés.

On trouve Plant plus à l’aise dans « I cried » superbe ballade acoustique éthérée ou sa maitresse voix produit une forte impression d’émotion à fleur de peau.

Très bonne impression également sur l’électrique et sensuel « She said » sur lequel le chanteur se contorsionne tel une couleuvre soumise au supplice avant de déchanter un peu sur un « Nirvana » à la structure trop chargée.

Le groupe retrouve le bon équilibre sur « Tie dye on the highway » qui offre une très grande coloration musicale sur laquelle s'élève majestueusement de grandes envolées vocales.

La suite est plus calme avec la ballade bluesy « Your ma said you cried in your Sleep last night » et le formidable « Anniversary » habitée par une atmosphère de rock progressif de haute qualité.

C’est dans le dépouillement, l’émotion et la subtilité que Plant touche le plus juste, tel le court l‘acoustique « Liars dance » qui introduit le final « Watching you » une nouvelle fois tout en ambiances et introduisant pour la première fois des influences orientales avec quelques phrases en arabe.

En conclusion, « Manic nirvana » porte bien un titre qu’on aurait pu trouver difficile à porter et propose à l’auditeur un tant soit peu réceptif un intense voyage auditif et sensoriel.

Très bien entouré, le chanteur gourou se montre très convaincant et déroule sur onze titres une musique de base foncièrement rock mais beaucoup plus riche dans son charme sensuel et hypnotique.

« Manic nirvana » ne vous bottera pas les fesses au réveil, ne vous motivera pas avant un entretien d’embauche ou de monter sur un ring, mais se révélera le partenaire idéal de soirées intimes ou à son ambiance sophistiquée et séduisante vous fera doucement planer.

Intelligent, subtil, riche et coloré, il demeure un régal à l’écoute pour les amateurs de rock classieux.

Manic Nirvana (Robert Plant)
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