Sorti en 1992, « JFK » d’Oliver Stone est assurément l’une des œuvres les plus impressionnantes de ce cinéaste controversé.
Gonflé, le réalisateur s’attaque cette fois ci à un mythe, à l’un des plus grands mystères du XX iéme siècle, l’assassinant du président des Etats Unis d’Amérique John Fitzgerald Kennedy le 22
novembre 1963 à Dallas.
Son film d’une durée de trois heures, s’appuie sur le personnage de Jim Garrison (Kevin Costner) procureur de la Nouvelle Orléans, qui par une ténacité hors du commun déterra en secret l’affaire
Kennedy trois ans après pour tenter de découvrir qui étaient les commanditaires de cet assassinat.
Homme intelligent, intègre et mu par une soif de vérité inarrêtable, Garrison s’entoure d’une petite équipe d’enquêteurs fidèles comme le jeune Bill Broussard (Michael Rooker) ou le costaud Lou
Ivon (Jay O Sanders).
Il s’intéresse tout d’abord à la vie opaque de Lee Oswald (Gary Oldman impressionnant ) l’assassin présumé comme solitaire par la commission Warren ayant enquêté en 1963, pour découvrir un agent
double américain ayant infiltré les soviétiques avant de revenir aux États-Unis une fois sa mission accomplie en URSS.
Membre des services secrets, Oswald s’est fait passer pour un militant communiste afin d'infiltrer les milieux castristes des Etats Unis.
Il a aussi côtoyé des para militaires cubains comme David Ferrie (Joe Pesci égal à lui-même en teigne survoltée) ou un mystérieux homme d’affaire nommé Clay Shaw (Tommy Lee Jones), tous les deux
liés par de même tendances homosexuelles.
Garrison est persuadé que c’est dans ce cercle para militaire en cheville avec la CIA que se situe la clé de l’énigme et que Oswald n’est qu’un bouc émissaire ayant servi à couvrir un complot
d’envergure impliquant des hommes haut placés dans le gouvernement américain de l’époque.
Pour étayer sa thèse, Garrison relève les invraisemblances du dossier, comme la non prise en compte par la commission Warren des témoins oculaires qui avaient vu un deuxième foyer de tirs depuis
une palissade, comme les discordances entres les blessures de Kennedy et les nombre de balle supposées tirées par Oswald.
Il reçoit aussi le témoignage d’un ancien colonel membres des forces spéciales (Donald Sutherland) qui lui indique les défaillances dans les services de protection du président à Dallas et lui
révèle que Kennedy qui s’apprêtait à se désengager de la guerre du Viet Nam gênait les militaires en haut lieu.
Il agit aussi, désireux de trainer Ferrie et Shaw devant des tribunaux en utilisant le témoignage de Willy O’Keefe (Kevin Bacon) taulard homosexuel proche de Shaw, affirmant avoir entendu le
groupe parler d’assassiner le président.
Mais alors que Ferrie s’apprête à craquer sous la pression il est éliminé.
L’affaire se complique quand l’enquête de Garrison est révélée au grand jour.
Il est soumis à des pressions, sa famille est menacée, son groupe explose …
Pourtant il tient bon et parvient à trainer Shaw devant la justice.
Sans charge sérieuse, sa tentative échoue pourtant non sans que le procureur ait accusé dans une longue et vibrante plaidoirie, le président des Etats Unis Lyndon Johnson d’être impliqué dans le
meurtre.
Le film termine sur cet échec mais relate qu’une deuxième commission réunie en 1976 a confirmé la thèse du complot que soutenait le procureur.
En conclusion, quelle que soit la solidité de la thèse défendue par Oliver Stone, « JFK » est un film extrêmement prenant qui captive malgré la complexité de l’enquête mélangeant
allégrement politiques, mafieux, agents secrets et militaires.
On suit le déroulement de l’enquête avec passion, en admirant les qualités humaine du procureur incarné par un Kevin Costner je dois l'avouer ici impeccable en bureaucrate se sentant
investi d’une mission pour le peuple américain qui le galvanise et lui fait oublier tous les obstacles.
Les autres acteurs sont évidemment tous très bons, en particulier Gary Oldman fantastique de sobriété ou Tommy Lee Jones curieusement efféminé avec une perruque frisée blanche.
Sur le fond, l’histoire fascine toujours … il y a l’incroyable violence de la scène de la fusillade avec le crane de l’homme le plus puissant du monde qui explose en direct sous l’impact et sa
femme, la splendide Jacky qui tente de lui porter assistance dans un geste de magnifique dramaturgie.
Si le rôle de la Mafia est (à mon avis fort justement) minimisée, celui des politiques et des services secrets est fortement mis en avant.
Kennedy était un pacifiste, il voulait aider les plus démunis, les minorités, signer des traités de paix avec les Soviétiques, voulait se retirer de la guerre du Viet Nam et mettre la pression
sur la Mafia … il dérangeait donc les plans de beaucoup d’hommes puissants qui profitaient de la situation de conflit avec le bloc communiste et avaient tout intérêt à la poursuite des programmes
militaires de la guerre froide.
Les assassinats de Luther King, de son frère Bobby mais également de Oswald ou les morts mystérieuses des témoins du dossier jettent également de fortes suspicions sur la thèse d’un fou ayant agi
seul.
Pour connaitre la vérité, attendre 2029 et l’ouverture des dossiers secrets de 1963 au public, serez vous présents avec moi ?
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