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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 20:28

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Attaquons nous à un domaine peut être trop rarement défriché en ces colonnes, la peinture, art dans lequel je reconnais humblement trouver assez rapidement mes limites.

Pourtant la récente exposition consacrée au peintre Edward Hooper au Grand palais est l’occasion de se plonger dans « Edward Hooper » d’un collectif de spécialistes américains composé de Carol Troyen, Elliot Bostwick Davis (Museum of fine arts de Boston), Judith A Barter (Art Institute of Chicago) et Ellen E Roberts.

Cet imposant ouvrage parsemé d’illustrations se compose de plusieurs parties rédigées chacune par un des auteurs.

Dans les premières d’entre elles, Carol Troyen et Puis Elliot Bostwick Davis s’intéressent au personnage né à la fin du XIX ième siècle dans une ville champêtre de l’état de New-York.

Issu de classes moyennes, Edward Hooper apparait comme un homme certes ambitieux mais surtout solitaire, taciturne, d’apparence classique voir un brun austère sans doute en raison de son éducation protestante.

Au début de l’année 1900, l’artiste formé à New York, partit en Europe ou il étudia les grands maitres, en particulier les  français Claude Monet, Edgard Degas ou Henri de Toulouse Lautrec.

Hooper exerce tout d’abord son art dans la réalisation de gravure réalisées à l’eau forte mais exécute également des peintures de scènes urbaines.

Son installation dans la petite ville portuaire de Gloucester dans l’Etat du Massachussetts constituera un tournant majeur dans sa carrière.

La bas, Hooper forge son style à l’aquarelle sur les maisons victoriennes, imposantes, élégantes ou délabrées donnant sur les bords de mer.

Le style se veut réaliste, élégant avec un usage maitrisé des jeux de lumières.

Hopper tombe amoureux cette vaste région sauvage et lumineuse et va y effectuer de nombreux voyages, séjournant dans plusieurs villes (Rockland, Cap Elisabeth) ou il peindra des maisons, des bateaux et des phares.

La Nouvelle Angleterre incarne pour lui une Amérique ancienne, à l’élégance classique rendue quelque peu surannée par l’essor grandissant des grandes villes modernes à l’agitation trépidante.

Pendant la Première guerre mondiale, cette approche réaliste et classique, contribue à le faire connaitre comme un peintre américain.

De retour à New-York à la fin des années 20, Hopper s’oriente vers sa vision de la vie dans les grandes villes américaines et peint souvent des personnes modestes, seuls et mélancoliques.

« Sunday » et son employé désœuvré assis sur le trottoir, « Automat » et cette femme endimanchée absorbée par la morne contemplation de son café en pleine nuit dans un restaurant vide, « Room in Brooklyn » et sa lectrice solitaire ou encore « Room in New-York » et son couple en pleine séance de non communication, incarnent fort bien cette vision mélancolique des choses.

Beaucoup de personnages se situent près de fenêtres, ce qui donne au spectateur un fort sentiment de voyeur pénétrant leur intimité.

Le succès de Hooper est alors grandissant et certains photographes comme Walker Evans lui sont assimilés.

Ellen E Roberts prend alors le relais pour décrire le retour vers le Massachusetts et la pointe de Cape Code et ses environs d’où sera issu le célèbre « Gas » et son employé de station service esseulé en pleine nuit dans un paysage presque menaçant.

Carol Troyen reprend alors sa plume pour un focus sur les femmes dans l’art de Hopper, qui s’exprime de manière crue par la représentation de femmes nues vues dans l’intimité de chambres (« Eleven AM » ou « Morning in the city »), de robes transparente ou de stripteaseuses, le chef d’œuvre du genre étant pour moi « Hotel room » et cette femme prostrée devant un livre ou une lettre qu’on devine peut être tragique.

Dans un registre encore plus mélancolique et poignant, Hopper tutoie le sublime avec « New York movie » et cette ouvreuse perdue dans une sombre rêverie pendant que se déroule la séance de cinéma.

Bien sur, l’œuvre la plus célèbre du peintre, « Nighthwaks » est largement analysée par Judith A Barter, bien que la signification profonde de la toile reste soumise à de multiples interprétations.

J’y vois pour ma part une nouvelle illustration de la solitude des grandes villes, avec quatre personnes silencieuses dans un bar de nuit sinistre.

A la fin de sa vie dans les années 60, Hooper est dépassé par des artistes plus audacieux ou plus engagés socialement.

Fervent défenseur d‘un naturalisme détaché de toute revendication, il fustige l’art abstrait et le cubisme de Picasso.

En conclusion, « Edward Hooper » appartient sans nul doute à la catégorie des beaux livres.

Les descriptions très techniques et fouillées des œuvres peuvent à la longue lasser le simple amateur mais le livre offre un panorama complet de la carrière d’un des peintres contemporains les plus intéressants.

On appréciera la beauté majestueuses des paysages de la Nouvelle Angleterre illustrant l’Amérique du passé aux fortes racines anglo-saxonnes.

Mais c’est surtout dans la représentation des individus perdus dans des mégalopoles déshumanisées, capturés par le maitre dans de rares moments de doute, d’introspection, de faiblesses ou leur intimité jaillit sur le spectateur, que l’art de Hooper se fait pour moi transcendant.

Enigmatique, mélancolique et nostalgique, l’art de Hooper n’a pas fini de me bouleverser.

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