Zoom sur la deuxième division du thrash metal avec Death angel, groupe californien ayant la particularité d’être entièrement d’origine asiatique, philippine plus précisément.
Ayant eu son heure de gloire à la fin des années 80, Death angel profite du revival de la scène et refait surface à la surprise générale en 2004 après 14 ans de mise en sommeil.
Petit miracle, le line up original est ici conservé prêt de vingt ans après les débuts et cette reformation donne naissance à « The art of dying ».
On appréciera l’effort mis sur l’artwork de la pochette, à la fois sobre, sombre et beau.
La galette débute par « Thrown to the wolves » longue pièce de plus de sept minutes d’un thrash old school rentre dedans aux refrains très efficaces.
La voix nasillarde et rêche de Mark Osegueda se cale parfaitement sur les rythmiques saccadées et puissantes des guitares de la paire Aguilar/Cavestany sur « 5 steps to freedom » qui
compense une certaine linéarité par une intensité soutenue.
Alors qu‘avec « Thicker than blood » on s’apprête à rentrer dans une logique routinière et peu inspirée de thrash prévisible à outrance, l’ange de la mort surprend avec « The devil
incarnate » longue pièce reptilienne évoquant un climat de sorcellerie et de menace larvée digne d’un Black sabbath des meilleurs jours.
Véritable bijou noir, « The devil incarnate » me fait curieusement penser à des trajets que j’effectuais très tôt le matin en voiture sur des petites routes désertes de l’Essonne dans
un climat de brouillard fantomatique et de nuits hivernales en parfaite adéquation avec l’ambiance assez fantastique de ce titre.
On est également agréablement surpris par « Famine » aux forts relents de Metallica grungy période « Load-Reload ».
Retour à du thrash plus classique sur le basique « Prophecy » à la forte puissance de feu puis baisse de régime avec le laborieux punkoide « No » .
Les quelques variations mélodiques sur le chant de « Spirit » viennent diluer l’abrasive recette thrash habituelles des cuistots en chef.
Les refrains virils sur le très bourrin « Land of blood » contrastent avec un final plus calme composé de « Never me » qui mélange passages nuancés presque rock à des solides
refrains thrash puis « Word to the Wise » superbe semi ballade acoustique ou la belle voix cassée de Osegueda couplée à des guitares pleines de feeling, parvient à faire passer un flot
intense d’émotion.
En conclusion, « The art of dying » est une bonne surprise de vétérans d’une scène qu’on pensait oubliée à jamais.
Meme si la recette de base des américains est à la base beaucoup trop prévisible et linéaire à mes yeux, ceux-ci ont l’intelligence d’introduire d’étonnantes variations qui si elles ne
révolutionnent pas la face de la musique aèrent leur thrash frontal pour en relever l’intérêt.
« The art of dying » est un disque astucieux capable de réaccrocher les fans de thrash des années 80 mais aussi par sa relative ouverture de capter un public plus adepte d’une certaine
modernité.
Retour réussi donc pour Death angel qui recycle son bon vieux thrash pour faire du neuf avec du vieux.