Petit groupe américain underground des années 80, Melvins voit un regain d’activité et de notoriété à sa carrière lorsque Kurt Cobain, le leader de Nirvana, lui fait une pub d’enfer au début des
années 90, ce qui lui permet de décrocher un contrat chez Atlantic records.
Le chanteur-guitariste Buzz Osborne saisit alors l’occasion et sort un nouvel album en 1993 « Houdini » avec la bassiste Lori Black et le batteur Dale Crover.
Avec sa pochette faussement naïve, « Houdini » débute avec « Hooch » qui donne tout de suite le ton : son de guitare lourd et épais, tempo statiques et voix métallique
suintant la rage sourde.
Sombre, enfumé et torturé comme un film d’épouvante de série B, « Night goat » n’apporte rien d’autre qu’un climat malsain s’étalant en longueur.
Un peu moins linéaire, « Lizzy » alterne passages appuyés et plus calmes avant que le « Goin blind » de Kiss soit passé à la moulinette du sludge pour s’embourber en
beauté.
Le ton se fait plus rapide et agressif sur « Honey bucket » avant de replonger allégrement dans une atmosphère de sombre menace sur le long et ténébreux « Hag me ».
Un léger effort de groove est fait sur le court et tonique « Set me straight » qui en viendrait presque à sonner comme du Nirvana.
Après le semi instrumental « Sky pup » décousu, les Melvins semblent se réveiller avec « Joan of Arc » très puissant avant de retomber dans leur léthargie sur
« Teet ».
La jolie démonstration de guitare sur « Copache » est ensuite vite annulée par l’irritant tic tac de l’irritant semi instrumental « Pear bomb ».
« Spread eagle beagle » le dernier morceau de l’album est un atroce instrumental de 10 minutes rempli de vide.
En conclusion, « Houdini » permet bien de se faire une idée du style de musique des Melvins, ce rock lourd, gras, poisseux comme une journée de canicule dans le métro parisien, dont les
rythmes lents et répétitifs sont brièvement émaillés de courts éclairs énergétiques.
La voix dure et métallique de Osborne colle il est vrai parfaitement bien à ce style mais le résultat se montre au final terriblement ennuyeux en raison de l’absence de variations.
Le manque de vivacité, de feeling ou de mélodie caractérisent le son des Melvins qui sur la fin du disque lorgnent vers le foutage de gueule avec des instrumentaux particulièrement vides.
Bizarre, anti accrocheur et commercial, « Houdini » se planta complètement et provoqua l’éviction des américains de leur maison de disque.
Pour moi donc, Melvins est et restera un groupe underground.