Au premier abord, « The studio sessions 1964-1967 » parait être une bonne approche pour (re)découvrir The yardbirds groupe de rock pionnier des années 60 dans lequel joueront brièvement
des stars de la guitare comme Jimmy Page, Eric Clapton et Jeff Beck autour de l'inamovible ossature Keith Relf (chant)-Jim Mc Carthy (batterie).
On débute par « I wish I would » excellent titre rock ’n roll rythmé renforcé par un harmonica rappelant par instant le meilleur de … Led zeppelin.
La suite est plus classique, forcément datée années 60, avec « A certain girl » solidement exécuté et « Good morning little school girl » plus quelconque.
Les titres s’enchainent, pas déplaisant mais interchangeables et sans relief apparent tels « I ain’t got you » « Putty in your hands » qui déroule un placide rock ‘n roll
cadré et sans surprise.
Comme son nom l’indique, « Sweet music » sonne de manière très doucereuse et après l’instrumental « Got to hurry » portant assez mal son nom, l’auditeur débouche sur une
impressionnante série des plus grands tubes des anglais, le très connu « For your love » son rythme et ses refrains entrainants, le très inspiré « Heartful of soul » ses
chœurs et son jeu de guitare superbes rejoué pour le plaisir en version sitar.
On passera très vite sur le blues sans intérêt « Steeled blues » pour se ruer sur l’exceptionnel « Still I’m sad » fascinant par son ambiance pesante de chants grégoriens.
La vivacité semble être de mise sur « I’m not talking » rapide et enlevé.
The yardbirds reprennent ensuite leur rythme de croisière sur le sage « I ain’t done wrong » qui passionne peu malgré un bon solo de guitare, replongent dans les profondeurs des années
50 avec « My girl sloopy » harassant de lourdeur et finissent d’anesthésier l’auditeur sur le lent et nasillard « Evil hearted you ».
Le sourire revient « You’re a better man than I » en avance sur son temps par sa fluidité et sa puissance, « Train kept a rolling » qui ressort l’harmonica pour un blues-rock
enfiévré et enfin « Shapes of thing » qui cogne également fort.
La fin du disque arrive alors avec « New York City » un blues statique et ennuyeux (pléonasme ?) puis « I’ m a man » également bluesy mais beaucoup plus offensif et surtout
marqué par un vertigineux solo de guitare terminal avant un « Stroll on » sonnant comme du heavy metal avant l’heure.
En conclusion, « The studio sessions 1964-1967 » est à considérer avec tout le recul du à son âge vénérable et permet d’explorer le passé lointain du rock avec en ligne mire les débuts
du hard rock.
Car si la moitié de ces sessions montrent un groupe certes brillant mais jouant un rock n’ roll classique, on est souvent impressionné par l’audace et la puissance de certains titres
incontestablement précurseurs dans le domaine du rock lourd.
Sans apprécier l’ensemble des compositions, il parait donc intéressant de piocher dans le répertoire certes poussiéreux des Yardbirds pour gouter à certaines petites merveilles d’inspiration qui
prouvent que dès la fin des années 60, les guitaristes virtuoses étaient déjà en train de s’imposer.