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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 21:49

Détour vers un film français relativement méconnu, « La dérobade » de Daniel Duval.

Sorti en 1979, « La dérobade » adapté du roman éponyme de Jeanne Cordelier, traite d’un sujet difficile au travers de son héroïne Marie (Miou-Miou) jeune femme issue d’un milieu modeste qui tombe sous le charme de Gérard (Daniel Duval), un bel homme en réalité proxénète.

Séduite par la prestance de Gérard, Marie suit l’exemple de sa sœur, abandonne son métier de vendeuse de chaussure pour devenir prostituée tout d’abord dans une maison close.

Marie surmonte son dégout pour ce métier par amour pour Gérard qui devient son maquereau attitré, prélevant régulièrement l’argent de ses passes.

Après une descente de police, le maison close ferme et Marie qui vient d’être fichée par la brigade mondaine, travaille à présent dans un bar à hôtesse chez Madame Pedro (Martine Ferrière) ou elle fait la connaissance de Maloup (Maria Schneider) une collègue de travail.

Les hommes défilent, se répandant après des actes sexuels vite expédiés en confidences sur leurs problèmes personnels qu’elle doit écouter placidement, comme ce père de famille se vengeant de l’adultère de sa femme en allant voir les prostituées.

La violence est présente, notamment lorsqu’une bande de marseillais montés à Paris les enlèvent, les violent et les frappent.

Les représailles de Gérard sont terribles, les deux violeurs sont à leur tour enlevés, frappés, obligés de se sucer dans une cave, avant un avenir qu’on devine bien incertain.

Désireuses après cet incident d’avoir leur indépendance, Marie et Maloup quittent Madame Pedro pout tenter leur chance en duo mais ceci ne plait pas du tout à Gérard qui paie un homme de main, André (Niels Aristrup) pour se faire passer pour un client et coller une sévère raclée aux deux filles.

Le maquereau voit donc l’occasion d’assoir son autorité sur sa protégée qui travaille avec Maloup à présent dans une des rues sordides de Paris.

Pourtant, Gérard trouve plus fort que lui en la personne d’un gangster de plus haut rang (Jean Claude Dreyfus) qui l’enlève et le séquestre en vertu d’une ancienne dette à rembourser.

Marie se voit donc contrainte de trouver une énorme somme d’argent pour sauver son mac, en accumulant les passes et en menaçant son client père de famille de tout révéler à sa femme si il ne lui verse pas un fort montant.

Elle le récupère alors en piteux état et le couve le temps qu’il se remette.

Une nouvelle rencontre étrange se produit lorsque François (Régis Porte) un beau jeune homme, tente de la séduire par la gentillesse, avant de révéler de curieux penchant pour le travestissement.

Un malaise semble s’installer de manière profonde chez Marie, qui se blesse volontairement à la tête et fugue pour échapper à Gérard.

Privé de son gagne pain, le maquereau devient fou, effectuant des raids auprès de la famille de Marie pour la débusquer.

Tour à tour enjôleur ou menaçant, il parvient finalement à la pousser à le revoir et lui colle une énième raclée qui ne suffit pas à fléchir la volonté de Marie de raccrocher.

Un conseil de truands auquel appartient Jean-Jean (Jean Benguigui) décide que Marie doit encore tapiner une année pour rembourser Gérard de la sa perte financière.

Marie encaisse bravement la décision, enchaine mécaniquement les passes et finit par se rendre à la police pour déclarer officiellement renoncer à exercer la prostitution.

En conclusion, « La dérobade » est un film particulièrement glauque mettant en avant les mécanismes sordides de la prostitution dans les années 70, métier exercé à l’époque par une majorité de françaises alors qu’aujourd’hui ce sont plutôt des étrangères qui l’exercent.

Miou-Miou incarne avec son talent habituel pour les rôles extrêmes, une jeune femme déboussolée, issue d’un milieu pauvre, manipulée par un habile proxénète, qui la séduit pour la faire travailler à son compte avant de trouver en elle les ressources pour sortir de cet enfer.

Peu de choses nous sont épargnées : la violence et la cupidité du mac, son absence absolue de scrupules, le coté mécanique et déprimant de l’acte sexuel à répétition avec des hommes âgés parfois vicieux, la rivalité acharnée entre filles façonnées par la dureté de la rue et l’univers des voyous avec leurs codes brutaux basés sur la loi du plus fort et le profit.

Pas évident donc de surnager au milieu de ce cloaque putride et on se dit que si au final, une jeune fille parvient à s’extraire de ce piège infernal, ceci ne peut qu’appartenir qu’au domaine de l’exceptionnel.

Un film réaliste anti glamour à déconseiller aux âmes sensibles …

La dérobade (Daniel Duval)
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