Dans un registre plus moderne, voici le « Version 2.0 » des américains de Garbage qui vient en 1998 emboiter le pas au déjà très réussi premier album éponyme qui avait fait figure trois années auparavant de déferlante power-pop.
Avec sa pochette minimaliste, « Version 2.0 » ne paye tout d’abord pas de mine et introduit un « Temptation waits » certes bien troussé mais beaucoup trop lisse et convenu.
Il faut attendre le second morceau pour se prendre de plein fouet le premier tube du disque le sensationnel « I think I’m paranoid » qui alterne couplets doux-amer et énormes riffs de guitares de Duke Erikson sur des refrains en acier trempé.
Puissant, sensuel et surtout terriblement accrocheur, « I think I’m paranoid » s’inscrit comme l’une des plus grandes réussites des américains.
On change d’ambiance avec « When I grow up » beaucoup frais, léger, fluide et électronique.
L’intensité chute fortement sur « Medication » petite ballade informe enchainé de « Special » ou la voix sensuelle et enveloppante de Shirley Manson fait la différence.
Garbage aligne alors les titres de qualité avec « Hammering in my head » qui intègre avec bonheur de fortes doses de bidouillages électroniques pour produire un résultat moderne et dynamique, puis « Push it » aux refrains explosifs véritablement entrainants.
Dans le registre plus doux et feutré de « The trick is to keep breathing », la voix de Manson donne sa pleine mesure.
La suite se dévide en souplesse, « Dumb » « Sleep together » rythmés mais trop linéaires et sans surprise pour arriver aux deux dernières trouvailles du disque « Wicked ways » puissant, dynamique et « You look so fine » douce ballade apaisante aussi vite oubliée.
En conclusion, moins touchant et inventif que son prédécesseur, « Version 2.0 » est un album assez inégal comportant une bonne moitié de morceaux de qualité et une autre parfaitement dispensable.
Album de la consécration, notamment à cause de quelques hits particulièrement redoutables, « Version 2.0 » s’inscrit dans un renouveau du rock des années 2000 qui incorporait de fortes de doses de samples électroniques pour lui conférer cette touche de modernité qui se montrait si tendance à l’époque.
Avec le recul d’une quinzaine d’années derrière, il apparait sous son vrai visage : pas le chef d’œuvre annoncé mais un disque long, lissé, avec quelques faiblesses mais aussi de belles réussites.