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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 14:16

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Je connais comme tout le monde le cinéma de Bertrand Blier et ai revu récemment « Les valseuses ».

Sorti en 1974, « Les valseuses » est un classique du cinéma français et un film réputé pour beaucoup culte en raison de son aspect très provocateur.

Nous sommes en 1970, la France de cette époque n’a pas grand-chose à voir avec la notre, les voitures sont incroyablement primitives (DS, 2 CV), les grands ensembles HLM en béton grignotent peu à peu les campagnes françaises encore rapidement visibles à la sortie des villes avant que les zones industrielles borgnes ne viennent achever le processus de deshumanisation totale du paysage.

Dans ce monde aujourd’hui presque irréel, Jean-Claude (Gérard) et Pierrot (Patrick Dewaere) sont deux petits voyous qui vivent de petits larcins dans les supermarchés et terrorisent les bourgeois par leurs provocations.

Un soir de désœuvrement, ils s’offrent une virée en DS « empruntée »
, sans se douter que le propriétaire de la  voiture, le patron d’un salon de coiffure, les attend à leur retour avec un pistolet.

Profitant d’un moment de distraction, le duo prend la fuite dans la voiture en embarquant avec lui Marie-Ange (Miou-Miou), shampooineuse dans le salon.

Pierrot est blessé par un tir dans la région des testicules et saigne abondamment.

Après avoir mis Marie-Ange en sécurité chez Carnot (Gérard Boucaron) un ami garagiste des plus douteux, Jean-Claude force un médecin à soigner son ami heureusement blessé de manière superficielle et en profite pour lui dérober une grosse somme d’argent en menaçant ses enfants.

De retour, le duo découvre la frigidité de Marie-Ange, qui se laisse faire l’amour par les hommes sans manifester la moindre émotion.

Furieux de sa blessure, Pierrot fait cisailler la roue avant de la DS avant de la rétrocéder au propriétaire en même temps que Marie-Ange passive et blasée de tout.

Renfloué, le duo part en vadrouille pour échapper à la police, multipliant les vols et incidents, comme la provocation d’un vigile de supermarché, la visite d’une maison de bord de mer ou il renifle des dessous d’adolescente puis agression d’une jeune mère de famille dans un train (Brigitte Fossey), que Jean-Claude force à donner le sein à Pierrot en échange d’une belle somme d’argent destinée à la faire louer une chambre d’hôtel pour faire l’amour avec son mari revenant du service militaire.

Le spectateur suit médusé les dérives vicieuses et absurdes des deux hommes et assiste à une scène homosexuelle ou Jean-Claude sodomise Pierrot pourtant à la base réticent.

Sur un coup de tête, les deux hommes reviennent voir Marie-Ange et tente de comprendre son problème sexuel.

Mais malgré leurs efforts aucun d’entre eux ne parvient à donner du plaisir à la shampooineuse, qui finit par les écœurer par sa passivité.

Marie-Ange accepte pourtant de les suivre dans leur virée absurde, les aidant même à cambrioler le salon de coiffure de son patron-amant.

L’aventure reprend cette fois à trois, le trio s’établissant à la campagne pour plus de tranquillité.

Jean-Claude et Pierrot lassés de femmes fades, décident d’attendre une femme à la sortie de prison pour connaitre la véritable passion physique.

Leur dévolu se porte sur une femme mure, Jeanne (Jeanne Moreau), qu’ils suivent, prennent en charge en lui offrant de bons restaurants, avant de gagner suffisamment sa confiance pour qu’elle accepte de faire l’amour avec eux.

Malheureusement, Jeanne se suicide peu après leur nuit d’amour, en se tirant une balle dans le vagin.

Désespérés les deux hommes reviennent voir Marie-Ange pour pleurer.

Par respect pour Jeanne, ils viennent chercher son fils Jacques (Jacques Chailleux) également à la sortie de prison.

Ils mentent au jeune homme sur la situation de sa mère, et l’invitent dans leur maison à la campagne, lui offrant, gite, couvert et Marie-Ange qui découvre finalement son premier orgasme avec ce jeune homme fin et timide, dont c’était la première fois.

Assommés par cette découverte, Jean-Claude et Pierrot acceptent pourtant la réalité et suivent même Jacques pour un cambriolage dit facile, s’avérant en fait le meurtre de son surveillant de prison.

Soupçonnés cette fois de meurtre, le duo prend la fuite à toute allure, emmenant avec eux Marie-Ange puis Jacqueline (Isabelle Huppert) une adolescente de 16 ans en révolte contre ses parents bourgeois et qui réalise sa première fois avec eux.

Le film s’achève sur la descente débridée d’une route de montagne, encore une fois sans but précis si ce n’est l’errance, l’instinct et le plaisir de la liberté.

En conclusion, « Les valseuses » est sans doute l’un des films les plus rock n’ roll des années 70, avec un gout très prononcé pour le scandale.

On hésite entre la peur, le malaise et une certaine forme de tendresse pour ces deux antihéros pas bien malins, naïfs, vicieux et rebelles.

La charge est clairement contre la petite bourgeoisie française que le réalisateur semble exécrer avec son petit confort médiocre et lui préférer les voyous vivants  sans attaches au jour le jour.
Même 40 ans après, certaines scènes restent nauséabondes voir franchement stupides dans leur révolte puérile.

« Les valseuses » est aussi servie par la crème du cinéma français avec en tête un Depardieu mince, athlétique chef de bande, un Dewaere plus fragile parfait second couteau et toute une galerie de rôles féminins très osées comme Miou-Miou nue dans une bonne moitié du film, Moreau parfaite de dignité désespérée et Fossey parfaite en bourgeoise outrée.

Même si je n’apprécie pas le cinéma outrancier de Blier, le rythme, les péripéties et la qualité des acteurs font de « Les valseuses » un film vivant, franchouilard et réussi, cadrant une certaine époque de voyous blousons noirs aujourd’hui bien révolue.

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