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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 21:08

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Après « L’immeuble Yacoubian » , le best seller de Alaa El Aswany chroniqué ici même, je me devais de boucler la boucle en voyant et chroniquant le film de Marwan Hamed sorti en 2006.

Bien entendu le film est fidèle au livre et a l’immense mérite de mettre des visages, des formes et des couleurs à un récit certes passionnant mais difficile parfois à imaginer pour quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds au Caire.

Le principe de la multiplicité des personnages vivant au milieu des années 90 dans un bel immeuble colonial du Caire est ici repris avec une bonne représentation des strates de la société égyptienne même si les classes aisées sont tout de même très mises à l’honneur.

Ainsi, le pacha Zaki El Dessouki (Adel Imam), vieil homme politique solitaire déclinant physiquement, tente pathétiquement de se raccrocher à sa jeunesse en écumant les bars à la recherche de jeunes femmes et tel un vieux lion isolé se retrouve attaqué de toute part, que ce soit par sa sœur une abominable harpie ou le tailleur Malak (Ahmed Bedeir) qui convoitent tous les deux son spacieux appartement et sa fortune.

Dans le monde des élites, on suit également Haj Azzam (Nour El Sherif) député ambitieux contraint de sombrer dans la corruption lorsqu’il se lance dans le monde des affaires avec l’importation de voitures japonaises en Egypte.

Sans scrupule jusque dans sa vie privée, Azzam aura également une deuxième épouse clandestine Soad (Somaya El Kashab) qu’il répudiera après l’avoir forcée à avorter.

Le journaliste Hatem Rachid (Khaled El Sawi) vient compléter ce tableau des mœurs avec une intéressante exposition de la vie d’un homosexuel aisé qui achète par son argent les services d’un jeune soldat issue d’un milieu paysan modeste.

Dans le monde plus modeste des pauvres vivant dans des cabanes sur les toits des immeubles vient la jeune et belle Bothayana  (Hend Sabri) qui va de galères en galères à la recherche d’un emploi de vendeuse sans être trop déshonorée par ses patrons concupiscents.

Elle est fréquente le jeune Taha (Mohamed Iman) qui cherche à intégrer l’école de police mais dont l’échec en raison de son origine modeste le fera glisser lentement mais surement dans les griffes du terrorisme islamique.

Les histoires ne se mélangent pas nécessairement, seule Bothayana et Zaki se croisent puisque la jeune femme entre au service du vieux politicien.

Renonçant à rouler le vieil homme, Bothayana sera séduite par son érudition, sa gentillesses, ses mœurs à l’occidentale et finira par l’épouser.

En conclusion, bien que moins prenante que le livre, la version cinématographique de « L’immeuble Yacoubian » est néanmoins une œuvre forte au contenu social magnifié par la qualité des acteurs capable d’incarner des personnages à la fois représentatifs de la société égyptienne mais aussi marginaux dans la mesure ou il paraissent tous plutôt émancipés et maitres de leurs destins.

Les femmes surtout dans le film apparaissent très libérées pour un pays certes non fondamentaliste mais ou les traditions de l’Islam ont bien entendu encore du poids.

C’est donc à une vision à plutôt moderne de la société égyptienne qu’on assiste au final sans que l’on sache dans quelle mesure elle correspond à la réalité.

De manière assez amusante, quelques clins d’œil sont fait à la culture française avec le fantasme de Paris et l’indécrottable cliché des chansons d’Edith Piaf présents sans nul doute dans le monde entier.

Les principaux reproches qu’on pourrait faire au film de Hamed sont une trop grande longueur et un manque de rythme qui font qu’on trouve parfois le temps long.

Le message corrosif qu’il véhicule et la grande fresque de destinées de personnages n’en demeurent pas moins bels et bien présents.

A la lumière de la révolution égyptienne du printemps 2011 aboutissant à la chute d’Hosni Moubarak, le message social véhiculé par le film prend une toute autre dimension et donne quelques clés pour essayer de comprendre quel sera le devenir de ce pays complexe tiraillé entre influences européenne et arabe.

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