Dark blue (Ron Shelton)

On revient au style polar musclé avec « Dark blue » de Ron Shelton.

Sorti en 2003 d‘après une adaptation du plus célèbre auteur de polar américain James Ellroy, « Dark blue » se déroule à Los Angeles, en 1992, en plein milieu du procès Rodney King, ce noir sévèrement battu à coup de barres de fer par des policiers de la ville.

Eldon Perry (Kurt Russell) un policer aguerri aux méthodes brutales se voit chargé avec son jeune coéquipier Bobby Keough (Scott Speedman) d’enquêter sur un quadruple homicide commis chez un épicier chinois apparemment sans histoire.

Les meurtres horribles, ont été en réalité perpétrés par deux petits criminels en quête d’un coffre fort dissimulé dans l’appartement à l’étage.

Les deux petites frappes recrutées pour l’occasion sont le noir Orchard (Kurupt) et le blanc Sidwell (Dash Mihok) et travaillent en réalité pour Jack Van Meter (Brendan Gleeson) ni plus ni moins que le patron de la police de LA, qui les utilise occasionnellement comme hommes de main pour arrondir généreusement ses fins de mois.

Au cours de l’enquête, Perry et Keough comprennent par instinct que l’affaire est plus qu’un simple braquage en découvrant les activités illicites du commerçant chinois, en réalité un proxénète réputé de South central, le quartier déshérité et dangereux de la ville.

Ils remontent assez vite jusqu’aux deux indics, mais Perry soumis à l’influence de Van Meter qui lui propose de passer lieutenant, ne peut que suivre ces ordres lorsqu’il le force à laisser hors d’atteinte Orchard et Sidwell mais a trouver deux boucs émissaires pour porter le chapeau.

D’un autre coté, le jeune Keough a plus de difficulté à se compromettre de manière aussi flagrante, et se trouve en difficulté avec les méthodes peu reluisantes de son coéquipier.

Il participe néanmoins à l’opération de police du S.W.A.T pour déloger deux criminels pris au hasard et doit sous l’influence de Perry tuer l’un des deux suspects.

Couvert par sa hiérarchie, Bobby ne peut vivre avec ce lourd fardeau sur la conscience et décide d’alerter sa petite amie noire, Beth Williamson (Michael Michele) proche de Arthur Holland (Ving Rhames), commandant de police ayant déclaré la guerre à Van Meter, en raison de se gestion particulièrement corrompue de la police.

Van Meter a certes essayé de faire pression sur Holland en révélant à sa femme, sa liaison passée avec Beth, mais malgré l’annonce d’un prochain divorce, celui-ci reste fermement déterminé à faire tomber son rival.

Malheureusement, Bobby ne peut aller jusqu’au bout et témoigner pour Holland, car il est abattu dans une embuscade de Orchard et Sidwell, commanditée par Van Meter pour éliminer Perry, devenu lui aussi gênant.

Touché à l’abdomen par des tirs émanant du toit, Bobby meurt dans les bras de Beth et Perry.

Enragé, ce dernier se met en chasse des tueurs, mais découvre que après le verdict favorable aux policiers de l’affaire King, les populations noires de South central se sont révoltées entament pillages et chasse aux blancs.

Perry doit donc slalomer dans une atmosphère apocalyptiques ou des émeutiers et des membres de gangs, tentent de le tuer en raison de sa couleur de peau.

Pris dans le même étau, le blanc Sidwell est sauvagement lynché, tandis que Orchard est finalement rattrapé par Perry après une course poursuite frénétique.

Prêt à tout, Perry profite de sa cérémonie de changement de grade, pour amener le témoin Orchard contre Van Meter, et déballe alors tout son mal être familial et professionnel, allant jusqu’à accuser publiquement son patron de corruption.

Van Meter tente d’éviter le scandale, mais Holland présent dans l’assistance, saisit courageusement l’opportunité de faire plonger le policier corrompu.

En conclusion, « Dark blue » est un polar moderne, urbain, intense et âpre qui sera tenir le spectateur en haleine, si il supporte l’ambiance de camaraderie virile et vulgaire émanant de chacun des romans de Ellroy.

Dans un rôle à contre emploi en raison de son physique de playboy trop attirant, Russell est convaincant en policier brutal, raciste, fermant les yeux par lâcheté quotidienne sur la corruption de sa hiérarchie et pire exécutant des criminels sur ordre avant finalement de trouver une rédemption tardive pour faire honneur à la mémoire de son coéquipier.

Part sa plongée dans l’enfer des gangs black de South central et leur violence/bêtise endémique d’animaux sauvage et par son portrait d’une police violente et corrompue, « Dark blue » est un film coup de poing, qui surpasse à mon sens le surestimé « Training day ».