Avec Sepultura on s’attaque ici à un nouveau monument du metal lourd et extrême.
Transposant avec violence le thrash metal américain des années 80 sur la scène brésilienne, Sepultura a su s’affranchir des ses modèles pour créer en 1996 son propre style plus ethnique avec le
célèbre « Roots » hommage à ses origines indiennes.
Pourtant, le groupe explose peu après le succès phénoménale de ce disque pourtant toujours violentissime et le leader chanteur Max Cavalera s’en va fonder son propre groupe Soulfly.
De son coté, le frère batteur de Max Igor Cavalera continue bravement de tenir contre vent et marées son groupe avec le guitariste Andreas Kisser et le bassiste Paulo Jr.
Leur persévérance paye et Sepultura est capable en 1999 de sortir un nouvel album « Against » avec un nouveau chanteur, un robuste afro américain nommé Derrick Green.
Avec sa belle pochette ethnique et asiatique, « Against » débute par une petite bombe, « Against » qui explose au visage de l’auditeur en maximisant son impact sur moins de
deux minutes.
Direct, surpuissant et incisif, « Against » parait irréprochable avec le chant hurlé de Green.
La cadence se ralentit brusquement avec « Choke » plus sinueux et contrasté malgré des refrains un peu trop bourrins.
Sepultura surprend davantage avec le très réussi « Rumors » qui mâtine son habituel thrash-death apocalyptique de passages ténébreux ou la voix de Green se fait chuchotante et
rampante.
Cette nouvelle tendance intéressante se poursuit avec « Old earth » qui fait harmonieusement ressortir la violence de Sepultura au milieux d’ambiances planantes assez inhabituelles.
Les percussions (udu, agogo, roto, djembé) point fort des Brésiliens reviennent sur « Floaters in mud » pourtant concentré de puissance brute.
Mais Sepultura reste bourrin et malgré quelques innovations vocales de Green, ne fait pas dans la dentelle sur le pachydermique « Boycott » flirtant avec le seuil maximum de violence
supportable.
On reproduit la formule sur « Common bounds » avec ce mélange de sonorités relativement calmes voir agréables préludant à de brutales déferlantes.
Un solide instrumental plus loin (« F.O.E ») , Sepultura dépasse les limites du tolérable avec le déjanté « Reza » et son style extrémiste heureusement de courte durée.
Le niveau chute alors avec un « Unconscious » particulièrement brutal et déstructuré.
Plus intéressant, l‘instrumental « Kamaitachi » voit les Brésiliens incorporer dans leur métal ethnique des instruments traditionnels japonais du groupe Kodo.
Le contraste avec les durs, violents et linéaires « Drowned out », « Hatred Inside » vomissant leur haine, n’en est que plus marqué.
On termine enfin sur une note plus apaisée avec « T3Rcermillenium » instrumental calme et relaxant.
En conclusion, après le succès phénoménal de l‘avant-gardiste « Roots »,
« Against » sans son tyran-leader se fit logiquement tailler en pièces par les critiques et eut un succès commercial médiocre.
En toute objectivité, la première partie du disque est réellement ébouriffante et d’une très grand qualité avec un Sepultura inspiré, percutant et revigoré par l’arrivée d’une nouvelle recrue de
poids.
Le chant de Derrick Green est intéressant et apporte une variété insoupçonnée par rapport au style de hurleur monolithique de Max Cavalera.
Capable de tabasser autant que l’ancien leader, Green peut également officier dans un registre légèrement plus tamisé.
Trop long, « Against » peine cependant à maintenir le cap et s’auto étouffe en tournant un peu en boucle.
Cependant, sans être un chef d’œuvre cet album encourageant mérite le respect.
Treize ans et cinq albums après, Derrick Green est toujours derrière le micro de Sepultura, ce qui prouve que l’homme a aujourd’hui pleinement convaincu le public de ses larges capacités.