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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 21:20


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En 2007, le film « Persepolis » de Marjane Satrapi crée la surprise en obtenant un succès inattendu (prix du jury à Cannes puis César du meilleur film).
La bande dessinée composée de quatre volumineuses parties parues entre 2000 et 2003.
L’auteur y décrit dans un style très personnel toute sa vie de femme iranienne depuis sa naissance en 1970 jusqu’à sa vie de jeune adulte en 1994.
C’est donc vingt quatre ans de vie que parcourt cette œuvre.
On découvre alors la vie à Téhéran dans les années 70, avec la dictature du Shah soutenu par les pays occidentaux pour son pétrole et la relative liberté pour les femmes à l’époque.
Certes les opposants majoritairement communistes étaient sévèrement réprimés mais la petite Marjane issue d’une famille très progressiste put étudier dans les écoles françaises et s’ouvrir au monde.
Marjane est également fortement influencée par sa grand-mère, esprit indépendant qu’elle vénère plus que tout.
La révolution islamique fit basculer l’Iran dans un pays de dictature ou une interprétation rigoriste des textes islamiques fut appliquée avec de nombreuses interdictions imposées aux populations dont la plus visible est le port du voile pour les femmes.
Satrapi décrit un régime de terreur et de violence, enfermant les gens dans un carcan et interdisant toute forme d’ouverture au monde, tout particulièrement à un Occident régulièrement diabolisé.
La jeune femme, rebelle par nature a bien du mal à se plier à ses nouvelles règles qu’elle juge absurdes et brave souvent les interdits en courant de relativement graves dangers.
Cette révolte se traduit par exemple par l’importation de casettes de musique occidentales comme le groupe de heavy metal Iron Maiden ou la chanteuse de pop anglaise Kim Wilde.
En 1980, la sanglante guerre contre l’Irak de Saddam Hussein vient encore bouleverser la donne.
Soumis à une agression extérieure d’un pays belliqueux, surarmé par l’Occident, l’Iran n’a pas d’autre choix que de faire bloc et d’envoyer des soldats martyrs se sacrifier pour la patrie.
L’évocation du climat de cette guerre monstrueuse qui dura huit ans et fit un million de morts constitue assurément l’un des moments forts du livre avec les pénuries (alimentaires, carburants) et l’angoisse des bombardements vécues par les populations civiles.
Envoyée par sa famille en Europe, Marjane découvre l’Autriche dans une pension de sœurs chrétiennes et vit un véritable choc culturel.
En pleine puberté et crise adolescente, elle fréquent des punks, des anarchistes, prend beaucoup de drogues.
Elle a également ses premières expériences sexuelles notamment avec un certain Markus qui abuse de ses rêves de jeune fille pour la manipuler
Marjane vit une période très difficile ballotée de foyers en foyers et finit quasiment sans domicile fixe.
Pour la jeune femme en perdition, le désir de revoir sa famille devient alors plus fort que tout.
Mais le retour au pays après la fin de la guerre est également difficile et la réadaptation aux mœurs religieuses très pénibles car Marjane a toujours au fond d’elle son esprit frondeur.
Néanmoins Marjane parvient à trouver l’amour et se marie avec Reza un jeune homme moderne, sage et rangé.
Mais l’indépendante Marjane déchante vite et découvre qu’elle n’est sans doute pas faite pour le mariage.
Dans un pays aussi traditionnaliste que l’Iran, le divorce reste délicat.
Marjane prend donc la décision de retourner en Autriche, laissant derrière elle une nouvelle fois sa famille.
En conclusion, « Persepolis » est une œuvre attachante et personnelle.
L’auteur décrit une période extrêmement troublée et difficile avec le basculement d’un pays dans la dictature puis une dans une horrible guerre défensive ou le sacrifice pour la partie fut élevé au rang de devoir religieux.
La force de « Persepolis »  est de montrer le courage de certaines femmes iraniennes qui luttent à leur manière pour leur liberté.
La jeunesse la plus émancipée vit donc une double vie, organisant des soirées dansantes rythmées par  la musique occidentale et l’ingestion de fortes quantités d’alcool.
Cette bande dessinée trouvera à mon sens un fort écho auprès des émigrés partis en Europe chercher une meilleur vie économique ou fuir une situation intenable pour eux.
Soumis aux préjugés et à une indéfectible nostalgie pour une terre natale souvent par contraste idéalisée par rapport à un quotidien sordide, ils auront besoin de toute leur force pour refaire leur vie et avancer.
Un mot sur le style de Satrapi, d’un noir et blanc très sobre évoquant par instant le dessinateur du Monde Serguei.
C’est pour moi le principal reproche du livre, ce trait simple et austère sans réel panache graphique.

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