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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 14:08

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Je poursuis dans la même démarche que pour Henri IV, mon entreprise de redécouverte de l’histoire de France avec « Louis XIV » de l’historien Jean-Christophe Petitfils.

Ce monumental ouvrage de plus de 700 pages effectue une analyse minutieuse placée sous l’angle du pouvoir du règne du plus grand roi de France qui marqua de son empreinte le XVII iéme siècle.

Après la mort en 1642 du cardinal Richelieu qui gouvernait en sous main la France sous le règne du taciturne Louis XIII, le cardinal Mazarin fin politicien prend le contrôle du pays gouverné en surface par Anne d’Autriche en attendant la majorité du jeune Louis XIV.

Bien qu’intelligent et doté d’une grande force de caractère le rendant prompt à dominer dés son plus jeune age, il se montre peu assidu aux études, préférant les exercices physiques (chasse, équitation, escrime, tirs) enseignés à tout monarque.

Le premier évènement d’importance qui marque le jeune Louis est la Fronde, grand mouvement de révolte provoqué par les Grands (Nobles) pressurisés financièrement par la guerre de trente ans contre l’Espagne.

Mazarin et Anne d’Autriche doivent alors faire face au Parlement et à d’autres agitateurs comme Gaston de France oncle du roi, le prince de Conti, Louis de Bourbon dit le Grand Condé brillant chef militaire ou l’ambitieux religieux Jean-François Paul de Gondi.

Malgré les emprisonnements des principaux contestateurs des mesures fiscales prises par le pouvoir royal, le peuple de Paris instrumentalisé par les parlementaires et quelques nobles influents se soulève et oblige Mazarin à la tète d’une armée de mercenaires allemands à quitter Paris.

L'acession majorité de Louis XIV provoque un revirement et l’adhésion du général Turenne aux forces royales anti Fronde.

Présenté comme un chef militaire génial, Turenne triomphe des troupes de Condé et en 1652, Louis XIV âgé de quatorze ans peut prendre les reines du pouvoir et replacer Mazarin à Paris.

L’échec de la Fronde va enclencher le déclin inéluctable des Grands au profit de la montée en puissance du pouvoir royal.

Mazarin puis les autres principaux premiers ministres Colbert et Louvois seront les principaux instigateurs de cette transformation qui brisera l’autonomie des nobles gouvernant jusqu’alors de manière quasi autonome leurs provinces.

Ces hommes étendront leurs réseaux en nommant des fonctionnaires dévoués à leur maitres (appelés officiers) dans les provinces pour réduire le pouvoir de l’aristocratie.

Ce système de réseaux aboutira à une centralisation du pouvoir et à un renforcement de la puissance royale par le biais de ministres quasi omnipotents n’hésitant pas au passage à briser leurs rivaux et à se constituer d’immenses fortunes personnelles sur le dos de l’Etat.

Le coté positif de cet enrichissement sera le développement du mécénat qui permettra à de grands artistes comme Lully, Boileau, Molière, Racine ou Perrault plus tard les sculpteurs, peintres et architectes (Le notre, Le Brun, Carpeaux) de se développer.

Mais c’est surtout aux travers des guerres que Louis XIV se révélera.

Malgré son mariage avec Marie Thérèse d’Autriche, fille du roi d’Espagne, il poursuivra la guerre contre l’Espagne, l’Empire germanique, les Pays Bas et l’Angleterre.

Petitfils insiste longuement sur cet équilibre politique extrêmement complexe entre une Espagne déclinante, extenuée démographiquement et financièrement, dont l’immense royaume aiguisait les convoitises et la France en plein essor grâce aux brillantes réformes économiques instaurés par Colbert.

Aidé par de brillants stratège militaires comme Turenne ou par la génie de l’architecte militaire Vauban, Louis XIV remporte de nombreuses victoires, ravageant les Pays Bas et permettant à la France d’accroitre son territoire par l’acquisition de la France Comté et d’une partie de l’Alsace.

La guerre ne s’effectue pas seulement sur terre mais également dans les mers avec le développement par Colbert d’une grande marine française capable de rivaliser avec la Navy anglaise et d’entraver les prodigieux échanges commerciaux des Pays Bas pour le controle des colonies.

Seule ou presque contre toutes les nations, la France hégémonique de Louis XIV fait peur à tout l’Europe.

Grisé par ses succès, Louis XIV perd alors le sens de la mesure et se fait Roi Soleil.

Après avoir brisé Fouquet le rival de Colbert dont la richesse lui avait fait ombrage, il récupère ses bonnes idées, se fait construire le splendide château de Versailles ou s’établira une cours de courtisans entièrement dévoués à sa personne.

La propagande bat alors son plein et les artistes payés par le pouvoir royal rivalisent de servilité pour magnifier leur maitre.

Etant un souverain de droit divin et partisan du gallicanisme, Louis XIV entretient également des rapports de force avec le Pape pour affirmer son indépendance.

Sur le plan de la politique intérieure, le Roi est intraitable dés qu’on touche à l’unité du royaume.

Cette intraitabilité se manifeste par la révocation de l’édit de Nantes signé par son grand père Henri IV et part des politiques de persécutions contre les Protestants qui refusaient de se convertir au catholicisme mais aussi par l’écrasement de tous les mouvements de révoltes des paysans (Sabotiers, Croquants, Va nu Pieds) écrasés par le financement de la guerre ou par des hivers trop rudes.


Il ne sera pas plus tolérant avec les autres courant religieux comme  le jansénisme, le quiétisme ou celui des dévots du saint sacrement.

Coté cœur, Petitfils est plus discret et ne note que les principales maitresses du roi, Louis de Valliére et surtout Madame de Montespan qui restera à la cour dix ans et aura sept enfants avec le monarque.

En conclusion, « Louis XIV » est un ouvrage monumental et absolument passionnant.

Contenant une immense source d’informations issues d’un travail d’historien rigoureux, il est cependant assez difficile assimiler le plus délicat pour moi ayant été la complexité des liens de parenté entre les familles royales d’Europe et les incessants jeux d’alliances entre elles lors des conflits.

Il ressort de sa lecture des sentiments partagés autour d’un personnage mégalomane, parfois brutal quand il s’estimait menacé dans ses intérêts, désirant toujours être maitre de lui-même (même lorsqu’il est mourant ou atteint d’une fistule anale !) afin de défier les forces de la nature.

Je n’ai à vrai dire pas admiré Louis XIV mais plutôt l’efficacité de ses ministres (l'austère Colbert, le trouble Mazarin), le génie militaire d’un Turenne, celui scientifique d’un Vauban (dont les théories économiques révolutionnaires furent partiellement appliquées) puis les personnages hors du commun comme Foucault, Fénelon ou Guillaume d’Orange ennemis acharnés du Roi.

Si vous voulez tout savoir ou presque (!) de cette période hors du commun qui façonna à jamais notre pays et qui laissa des traces aussi importantes que la Révolution Française, cet ouvrage répondra à n’en pas douter à vos attentes.

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