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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 09:20

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Il manquait dans ces colonnes la grande fresque américaine de Clint Eastwood consacrée à la Seconde guerre mondiale, dont la seconde partie, « Lettres d’Iwo Jima » est pour moi la plus intéressante.

Sorti en 2007 dans la foulée de « La mémoire de nos pères », « Lettres d’Iwo Jima » recèle l’incroyable originalité de raconter le conflit américano-japonais du point de vue japonais.

Basé sur les carnets de guerre du général Tadamichi Kuribayashi, le film relate l’arrivée de ce général japonais (Ken Watanabe) sur l’ile d’Iwo Jima afin de prendre la direction de la défense contre une invasion américaine de grande ampleur.

A cette époque, le Japon qui a perdu la bataille de Midway en 1942, est en sérieuse difficulté : il ne contrôle plus son espace aérien et la plus grande partie de sa flotte de guerre a été anéantie.

Kuribayashi apprend donc aux officiers qu’il commande cette dure réalité et leur fait comprendre qu’il s’agit d’établir une ligne de défense en profondeur afin d’infliger le plus de pertes possibles aux américains tout en acceptant l’idée du sacrifice suprême des soldats japonais.

Sous sa direction, on décide donc d’alléger les défenses côtières, de renoncer à fortifier massivement les plages par des travaux éreintants pour les soldats pour se concentrer sur une défense basée sur le placement de pièces d’artillerie sur les deux principales montagnes de l’ile reliées entre elles par un réseau de galeries offrant de surcroit l’avantage de protéger les soldats de bombardements massifs.

Kuribayashi s’impose par son charisme naturel, une certaine forme d’humanité avec les hommes qui est ressentie par les soldats du rang comme Saigo (Kazunari Ninomiya) et Nozaki (Yuki Matsuzaki) deux jeunes hommes ayant laissé une vie civile et familiale agréable pour obéir au devoir de défense de la mère patrie.

L’homme a de surcroit une particularité notable de ne pas sous estimer les Américains qu’il connait pour avoir vécu quelques années en Californie et même noué des relations amicales avec certains officiers des US.

Le film s’attarde sur les préparatifs laborieux de la défense, ce qui donne l’occasion de quelques flash back introspectifs permettant de comprendre le passé des soldats, comme Shimizu (Ryo Kase) ex élève de la police militaire, envoyé au front pour n’avoir pas eu le courage d’obéir à un supérieur qui lui ordonnait de tuer un chien aboyant trop fort.

Mais les premières attaques aériennes américaines font déjà mal, fauchant quelques hommes et tuant le cheval du capitaine Nishi (Tsuyohi Ihara) ex participant aux jeux olympiques de 1932.

Les soldats comprennent donc que l’offensive américaine approche et le film change alors radicalement de rythme, faisant la part belle aux scènes de guerre intenses avec la prise d’assaut des fantassins américains soutenus par un puissant pilonnage des canons de la Marine.

Supérieurs en nombre et en matériel, les Américains progressent inexorablement sur l’ile, incendiant les nids de mitrailleuses par grenade ou lance flammes.

Les Japonais sont rapidement contraints de se replier dans les montagnes ou s’organise le gros de la résistance.

Terré à l’intérieur, le régiment du lieutenant Fujita (Hiroshi Watanabe) dans lequel servent Saigo, Nozaki et Shimizu se prépare au sacrifice ultime sous les injonctions de leur chef et la pression sociale du suicide plus honorable que la capitulation.

Mais Saigo et Shimizu se montrent incapable de se faire exploser à coups de grenades et choisissent de rejoindre le second mont ou se situe le quartier général de Kuribayashi.

Le général couvre les fuyards accusés de trahison par le féroce lieutenant Ito (Shido Nakurama) en avançant le fait que les soldats sont plus utiles vivants que morts dans la lutte contre l’ennemi.

Cette décision se montre insupportable pour Ito qui se rend seul sur le champs de bataille afin de se faire exploser sur un tank.

Nishi de son coté fait recueillir et soigner un GI blessé à la grande stupéfaction de ses hommes et va même jusqu’à s’entretenir avec lui en anglais avant qu’il ne meure.

Mais la pression américaine se fait toujours plus féroce et grièvement blessé aux yeux Nishi accomplit le suicide rituel japonais, Shimizu est tué en tentant de fuir tandis que Ito devient fou resté seul au milieu des cadavres dans l’attente du passage d’un tank.

Au moment de la dernière charge, Kuribayashi charge Saigo de bruler ses lettres et effets personnels et se lance à l’assaut des américains avec ses derniers hommes.

Il est tué et Saigo blessé est fait prisonnier.

Le film se termine sur la découverte plus de 60 ans après des écrits de Kuribayashi enterrés par Saigo dans les montagnes d’Iwo Jima.

En conclusion, « Lettres d’Iwo Jima » est un film de guerre audacieux et atypique qui mérite fort bien ses nombreuses récompenses.

Entièrement joué par des comédiens asiatiques, il brise les codes étroits du cinéma hollywoodien basés sur des archétypes de personnages auxquels l’américain moyen peut aisément s’identifier.

L’histoire de ces hommes acculés à la mort par les circonstances et leur sens du devoir est très forte et permet au travers de destins individuels d’humaniser quelque peu le combattant japonais en montrant certaines hésitations face à l’obéissance aveugle et également une certaine compassion.
On appréciera donc cette relecture fine et subtile de la Seconde guerre mondiale et considéra « Lettres d’Iwo Jima » comme sans nul doute l’un des meilleurs films de Clint Eastwood-réalisateur.

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